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quelque talent qui le rendît plus utile à son maître. Ainsi la
peine la plus élevée est de 300 sols ; et voici que lorsqu'il
s'agit d'un Juif frappant un chrétien, cette peine se trouve
insuffisante , il faut l'amputation d'un poing ou 87 sols d'or,
somme vraiment r u i n e u s e , si l'on se reporte à l'époque
où elle devait être payée. Bien mieux, l'action d'avoir porté
la main sur la personne d'un prêtre ne pouvait être rachetée
que par la perle de la vie^ et nous voyons que déjà la con-
fiscation était établie chez nous au préjudice des Juifs. Ainsi,
pour nous résumer, nous pouvons dire que , dès les premiè-
res années du "VIe siècle, la colonie israélite établie à Lyon
était assez importante pour fixer l'attention du législateur,
assez remuante et oppressive pour motiver des dispositions
sévères, assez riche et puissante enfin pour que Gondebaud
l'assujettisse à compter des sommes si fortes , que la plu-
part des chrétiens n'aurait pu les payer.
   Cette présomption que nous avons sur les richesses des
Juifs ne saurait étonner; ce peuple trouva dans Lyon tous les
éléments nécessaires au développement de son esprit com-
mercial ; notre grande cité profitait depuis long-temps de sa
position topographique pour commander le commerce des
Gaules ; plusieurs foires y étaient établies ; chaque nation s'y
donnait rendez-vous pour échanger les produits de la nature,
ceux de l'industrie naissante et des armures. Les Juifs se
livraient à ces sortes de trafics avec une ardeur toute nou-
velle ; ils s'adonnaient principalement au commerce des vins
et de la boucherie. Bientôt l'activité déployée par eux dans
ces négociations leur procura la fortune et une certaine i m -
portance. Une question se présente ici : la colonie juive pos-
sédait-elle alors une synagogue ? Sans contredit, les Israé-
lites se réunissaient pour procéder en famille à l'exercice de
leur culte; mais comme rien n'établit qu'ils eussent dès cette
époque un édifice consacré à leur religion, nous devons pré-
sumer qu'ils y avaient destiné une de leurs habitations. On
pourrait, il est vrai, déduire le contraire d'une lettre écrite