page suivante »
253 disaient-ils ; l'Eglise n'a point de part au meurtre de ses en- fants ; elle est une mère douce et charitable qui ne veut point la m o r t , mais la conversion des pécheurs; et cependant l'in- quisition envoyait des milliers de Juifs au bûcher ; ses juge- ments étaient irrévocables , mais elle avait soin de livrer leur exécution à des bras séculiers. Ainsi, l'apologie de la force ne peut plus être faite , le christianisme a usé la théocratie j u d a ï q u e , et si la violence avait pu quelque chose sur l'es- prit, dix-huit siècles de rigueurs auraient dû lui suffire. Pour- quoi viendrait-elle encore réclamer sa part? Oui, s i , pendant les temps qui se sont écoulés, il eût entré dans la pensée de Dieu de ramener à lui les Israélites, une douce persuasion eût opéré ce miracle ; m a i s , pour l'ins- truction des p e u p l e s , l'aveuglement des Juifs dut être per- p é t u é , et c'est pour cela que les persécutions leur furent envoyées. En effet, l'erreur de ce peuple s'est endurcie en- core sous le souffle des rigueurs dont on l'accabla. Avec quel œil de mépris les Hébreux n'envisageaient-ils pas ces minis- tres du Christ, trafiquant avec eux de leurs vases sacrés pour -de l ' o r , vendant des privilèges aux enfants d'Israël, leur imposant des dîmes comme à des chrétiens, les dispensant de quelques prohibitions humiliantes en prenant de fortes s o m m e s , ou se donnant la petite satisfaction d'appliquer des soufflets sur la joue du syndic des Juifs ! Les Israélites con- fondirent les faits avec les doctrines ; ils rendirent le chris- tianisme responsable des fautes de quelques ministres éga- rés; ils crurent comprendre que les persécutions des prêtres, des princes et des peuples n'étaient autre chose que le débat d'une question d'argent; dès lors leur haine s'envenima contre ces nations chrétiennes au milieu desquelles ils étaient par- qués, comptés , exploités, égorgés comme des animaux im- mondes. Est-il étonnant alors qu'indépendamment des nuan- ces tranchées de leur caractère , les Juifs aient conservé en- tr'eux un cachet particulier, une confraternité de m a l h e u r , une nationalité vivante , quoique brisée !