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108 marche sur les traces de Pie V, d'heureuse mémoire, son pré- décesseur, et qui emploie toute son autorité jusqu'à reagrave, contre ceux qui troubleront les deux libraires à qui il accorde le privilège. Il y a aussi un décret de l'inquisiton en faveur de cette édition, dans laquelle le Saint-Père avait fait faire quel- ques changements. Quelqu'un m'a dit que le P. de Colonia a aussi fait imprimer à Lyon les Contes de La Fontaine, après y avoir changé quelque chose; exempli gratta: il a mis prince, dans les endroits où il y a pape ; moines de Catalogne , pour cordeliers de Catalogne. » Le P. de Colonia signala presque toutes les années du pre- mier tiers du XVIII« siècle par la publication de quelque ouvrage plus ou moins important, sur les belles-lettres , sur les antiquités ou sur la religion. Il serait ridicule, sans doute, de dire qu'il a composé des chefs-d'œuvre ; mais il serait aussi par trop injuste de méconnaître les services qu'il a rendus à la littérature et à l'église, et de ne pas avouer qu'il a fait ser- vir ses talents à la gloire de Dieu et à l'instruction des hommes. Après avoir enseigné , dans la ville de Lyon , la rhétorique pendant onze ans, la théologie pendant vingt-neuf ans , la langue hébraïque pendant les cinq dernières années qu'il passa dans les basses classes, le P. de Colonia obtint la per- mission de se reposer de ses longs travaux, puis de s'adonner tout entier à la culture des lettres et à l'impression de ses travaux. Les Manuscrits de la Bibliothèque de Lyon (1) nous four- nissent une anecdote qu'il est bon de consigner ici, ne fût-ce que pour montrer la tournure de son esprit et sa singularité. Rouvière présenta à l'académie la devise qui accompagne l'an- cien autel de Lyon , et qu'elle adopta ; elle est composée de ces deux mots : Atheneum restitutum. Le P. de Colonia préten- dait qu'il fallait écrire restititum, au lieu de restitutum; et ce (1) Tom. III, pag. 299.