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299 tombaient dans les prés aussi serrés que la grêle un jour d'orage. Contre un seul de nos Français , il en mourait plus de cent. La terre mugissait sous les pieds des che- vaux , et par dessus les cris de combat et de victoire s'é- levait le râle des mourants. Le marquis de Mantoue, qui portait bien à tort la flam- boyante enseigne, parle à son cousin Gilibert, Leduc de Bénévent : vous allez savoir ce qu'il dira : — Cousin, entendez ma pensée... Cette bataille n'est point à se rendre à rançon; tous ces payens frappent sans miséricorde. Vous souvient-il de la triste journée que nous eûmes naguères sur les rives du Garillan ? par votre orgueil et témérité, nous y demeurâmes si long-temps, que de sept mille chevaliers, il n'en est revenu que dix. Tous furent tués, détranchés et sanglants. •—Beau sire, répartit Gilibert, enfuyons-nous donc au plus vite ; car à la mort il n'y a nul remède. Et ils firent ainsi les misérables lâches. Les payens voient s'abattre et fuir l'oriflamme vermeille, et ils re- prennent courage; les Français le voient aussi, et ils sont épouvantés. —Frappez, amis, crient les barons Sar- razins! qu'avons-nous encore à craindre! nos ennemis n'oseront plus nous attendre. Il faut qu'il n'échappe pas à nos coups un seul de ces fuyards chrétiens. Les payens se précipitent avec fureur; et cette fois ils remportent l'avantage de toutes parts sur nos Français. Ils en tuent, ils en prennent selon leur gré. Alors furent renversés de cheval, aux côtés de l'empereur, et N aimes de Bavière, et Hugues de Troie, et Sanson et Turpin, Salomon, le roi puissant, qui fut sire des Bretons, che- vauchant à travers la bataille, arrêta l'empereur par son écu.