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tombaient dans les prés aussi serrés que la grêle un jour
d'orage. Contre un seul de nos Français , il en mourait
plus de cent. La terre mugissait sous les pieds des che-
vaux , et par dessus les cris de combat et de victoire s'é-
levait le râle des mourants.
   Le marquis de Mantoue, qui portait bien à tort la flam-
boyante enseigne, parle à son cousin Gilibert, Leduc de
Bénévent : vous allez savoir ce qu'il dira :
   — Cousin, entendez ma pensée... Cette bataille n'est
point à se rendre à rançon; tous ces payens frappent sans
miséricorde. Vous souvient-il de la triste journée que
nous eûmes naguères sur les rives du Garillan ? par votre
orgueil et témérité, nous y demeurâmes si long-temps,
que de sept mille chevaliers, il n'en est revenu que dix.
Tous furent tués, détranchés et sanglants.
   •—Beau sire, répartit Gilibert, enfuyons-nous donc au
plus vite ; car à la mort il n'y a nul remède.
   Et ils firent ainsi les misérables lâches. Les payens
voient s'abattre et fuir l'oriflamme vermeille, et ils re-
prennent courage; les Français le voient aussi, et ils
sont épouvantés. —Frappez, amis, crient les barons Sar-
razins! qu'avons-nous encore à craindre! nos ennemis
n'oseront plus nous attendre. Il faut qu'il n'échappe pas
à nos coups un seul de ces fuyards chrétiens.
   Les payens se précipitent avec fureur; et cette fois ils
remportent l'avantage de toutes parts sur nos Français.
Ils en tuent, ils en prennent selon leur gré. Alors furent
renversés de cheval, aux côtés de l'empereur, et N aimes
de Bavière, et Hugues de Troie, et Sanson et Turpin,
Salomon, le roi puissant, qui fut sire des Bretons, che-
vauchant à travers la bataille, arrêta l'empereur par son
écu.