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210 marcher sur les traces de ceux qu'il ne put surpasser. Une correspondance active entre lui et son frère aîné dont toute la France parlait à cette époque, entretenait dans son aroe ce besoin de connaissances qui est l'apanage naturel d'un esprit vaste. Aussi, placé au foyer de toutes les lumières, l'abbé de Servan devint-il bientôt remar- quable lui-même dans les hautes mathématiques, la phy- sique, les sciences naturelles et les arts? Le cardinal Ganganelly, protecteur et ami des arts, sut distinguer le jeune de Servan parmi cette foule d'étrangers qui viennent étudier à Rome; il lui porta une affection toute particulière et reçut l'hommage de ses premiers suc- cès. Encouragé par les bontés du cardinal, M. de Servan, par un de ces instincts que suggère un avancement rapide de fortune ou bien l'empire des circonstances qui sem- blent préparer un événement, lui prédit un jour, dans l'é- panchement d'une conversation, son élevai ion prochaine Malte. Il ne reste plus maintenant de cet ancien ordre que l'abbaye et sa superbe église ; le voyageur s'arrête encore pour considérer ce dernier vestige de nos magnificences claustrales ; l'abbaye , imposante et régulière construction , est aujourd'hui une fabrique de tissage qui compte prés de 300 métiers; l'église , grandiose dans ses proportions comme une cathédrale , est à présent une simple église de village. Ces lieux jadis visités par quatre papes, Cal- lixte II, Martin V, Jules II et Léon X, sis rois de France, un grand nombre de souverains étrangers, une foule de reines et de princesses, de cardinaux et de prélats, sans parler d'une infinité d'autres personnes du premier rang, tant était extraordinaire le concours des peuples qui venaient chaque an- née et de l'intérieur du royaume et de l'Allemagne et de la Hongrie et de l'Italie vénérer les reliques de saint Antoine , ne sont plus qu'une silencieuse solitude.... La châsse qui renferme ces précieuses reliques, a échappé aux fureurs de 9 5 ; on la voit à travers la grille de bronze qui soutient l'autel. Les deux lions de même métal qui , placés des deux côtés du sanctuaire , semblaient défendre le corps du saint, sont aujourd'hui à la bibliothèque de Grenoble.