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endormis sous leurs pennons tombants, nous apportait
d'ennivrautes odeurs que nous respirions avec délices ;
les bruits du rivage mouraient dans celte suave harmonie
de la nature, qui s'élève d'une feuille qui tombe, d'une
fleur qui s'ouvre, du zéphyr qui s'éveille, d'un oiseau
qui s'endort et du jour qui s'enfuit; harmonie qui a son
écho dans le ciel. Encore resplendissant de ses chauds
rayons, le soleil s'abaissait vers la mer et colorait de ri-
ches nuances de pourpre, le splendide paysage qui en-
toure Alger; bientôt il se rapprocha de l'horizon. Toul-
à-eoup, globe étincelant, il inonda d'une lumière écla-
tante les montagnes, les vallées; puis, sans transition ,
sans crépuscnle, sans la moindre dégradation de teinte,
tout tombe dans la plus profonde obscurité. Au milieu
des ténèbres, quelques rayons brillent encore comme un
éclair au sommet dès plus hautes montagnes, ou sur la
pointe de quelques minarets, et s'éteignent. Il est tout-à-
fait nuit ; alors s'élèvent des milliers de scintillantes étoi-
les, chatoyant sur uu ciel dont Pazur foncé semble un
tapis de velours semé de diamants ; et la nuit qu'a fait
naître la disparution du* soleil, va faire place à son tour
à la vive clarté des étoiles, singulière lueur qu'on pren-
drait pour le crépuscule du matin.
    Un air frais et humide s'éleva bientôt après le coucher
du soleil y et nous contraignit à abandonner la terrasse.
Nous redescendîmes dans la cour, où était préparé le
repas du soir; c'est à souper seulement qu'on sert des
mets chauds et substantiels : des soles, des rougets, un
loup d'une grosseur prodigieuse et supérieurement frit,
du mouton aussi savoureux que celui de Provence, accom-
 pagnaient l'indispensable plat de couscôusou. Je ne saurai
 que dire de ce mets national, car quélquVffort que je