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Angleterre, que le blocus n'avait pas empêché d'arriver
à leur adresse. Ces richesses intellectuelles étaient peut-
être les seules qu'on eût trouvé dans toute la Régence.
   D'étage en étage , l'escallier allait en se rétrécissant jus-
qu'à la porte de la terrasse, qui soigneusement fermée par
trois serrures et autant de verroux, défendait l'entrée
de ce lieu, autrefois interdit aux hommes. Le rapproche-
ment des toits, permettant aux femmes de communiques
d'une maison à l'autre, les terrasses leur étaient entière-
ment réservées. Les Juifs seuls ne suivaient pas cet usage.
    Une espèce de kiosque s'élevait à l'un des angles du
toit; un beau télescope occupait une des trois fenêtres
qui s'ouvraient du côté de la mer; des voiières remplis-
saient les deux autres. De nombreux coussins empilés sur
le tapis, furent transportés au bord de la terrasse, ou dis-
posés avec une sagacité, hélas ! inconnue en Europe, ils
nous formèrent des sièges, pour l'arrangement desquels
 deux coussins ronds pour s'asseoir, trois carrés pour s'ac-
 couder, sont de rigoureuse nécessité ; l'étiquette orientale
 permet d'en employer jusqu'à quatorze de formes diffé-
rentes, dont l'instint le plus profond^, le plus complet
du comfort crée alors, un lit de repos capable de satis-
 faire les exigences du sibarytisme le plus voluptueux.
Nous nous préparâmes ainsi à jouir paresseusement du
magnifique spectacle qu'offre le coucher du soleil dans
ces heureux climats ; la gaîté un peu bruyante qui nous
animait fit bientôt place à ces vagues causeries qu'amènent
avec elles les dernières heures du jour. Le calme qui nous
entourait était si profond, qu'on l'eût dit l'effet d'un pou-
voir magique heureux de nous laisser savourer dans toute sa
plénitude le charme de cet instant : pas un nuage ne trou-
blait l'azur du cieî; la mer, où nos vaisseaux semblaient




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