Revue du Lyonnais » série 1 - n°6 ( 1837 ) » pp.071

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niers , des acteurs , des préfets, des prêtres ou des soldats,,
selon que l'exigent les circonstances ? Soyez certain qu'un
édifice montre toujours la pensée de ceux qui relevèrent.
   L'église de Sainl-Nizier, que d'habiles gâcheurs ont. eu la
prétention de'restaurer,-reflète bien les temps qui la badi-
geonnèrent. Afin de rattraper l'argent dépensé pour les fres-
ques absurdes dont on l'a salie, on l'a flanquée de boutiques
de marchandes d'herbes. Qui ne reconnaîtrait dans ce bazar
l'œuvre d'hommes spéculateurs ? Et ces images qui sont dans
le chœur, guindées sur de belles stalles de b o i s , disent aussi
q u e , dans ce siècle de faillite, l'argent est rare dans les
troncs comme clans les caisses. La fabrique recherche les
économies : elle éclaire ses chapelles et ses lutrins avec le
gaz , comme les limonadiers éclairent leurs salons et leurs
billards. Le cierge pascal se transformera bientôt en un soleil
brillant. Qui sait si un jour la bénédiction ne sera pas illu-
minée par des fusées volantes ? Saint-Polycarpe ne fait-il pas
de ses processions un ballet d'opéra? Déplorable décadence!
    Les églises chrétiennes ne supportent pas la médiocrité ;
celles des faubourgs ont l'air de vieilles coquettes ruinées qui
se couvrent de haillons clinquants, pour se rendre aussi belles
que possible. Si par hasard elles ont des vitres coloriées,
elles ressemblent à ces ouvrages de paille travaillés dans les
prisons et qui veulent imiter le citronnier et l'acajou. La mos-
quée , au contraire, est la même partout : monument ou ma-
s u r e , noircie par les ans ou blanchie à la chaux, ce n'est
qu'un lieu où sont des réservoirs pour faire à l'aise les ablu-
tions recommandées par le p r o p h è t e ; ce n'est qu'un abri où
l'on vient Y^rier à l'ombre. Le temple d'Allah , c'est l'univers:
aussi les vrais croyants se prosternent partout quand sonne
l'heure de la prière. En O r i e n t , pas de cérémonies pompeu-
ses; l'oraison est toute individuelle, mais elle revient sou-
vent. Le chrétien prie plus r a r e m e n t , plus l o n g u e m e n t , et
il se réunit k ses frères pour se rendre plus agréable à son
Dieuj il chante en choeur les hymnes sacrées. Ces choses