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58 blique avait ajoutés au titre ambitieux de sa thèse : De omni Re Scibili. Découragé, honteux d'avoir vu le rêve de sa vie, l'édifice laborieux de sa renommée s'écrouler au: premier choc, il chercha un refuge dans.la religion, comme il avait fait autrefois dans la science. Pic de la Mirandole n'avait donc pas une de ces âmes for- tement tempées qui vont au but à travers les obstacles et qui s'y attachent en proportion des difficultés. Il n'avait pas non plus un esprit profond et avantcoureur, car il aurait nourri une autre ambition que celle de recueillir et de résumer en lui les travaux des siècles passés ; mais c'était un esprit brillant et facile, une mémoire merveil- leuse, une intelligence souple et impressionnable. C'est une eau pure qui conserve le souvenir des images qu'elle reflète; un lac limpide qui garde quelque chose des ombres qui y sont projettées, des arbres de ses bords, du nuage qui traverse le ciel, de l'oiseau qui fend la nue. Pic de la Mirandole brûle les poésies amoureuses, pro- ductions de sa jeunesse. Retiré à Florence, il renonce aux lettres profanes pour l'étude de la religion et de la philosophie platonique. Avec Politien,, Jean Lascaris et d'autres savants réunis par la protection éclairée de Laurent de Médicis , il crée la bibliothèque Laurentienne. Mais cette époque de sa vie est surtout remplie par son amitié pour Ange-Politieu dont la destinée semble liée à la sienne. Enfant précoce, comme lui, Politien compose, à I/J. ans, sur le tournoi de Julien de Médicis, des Stances qui sont demeurées un monument de la langue italienne ; puis, une critique peu bienveillante qu'il fait des vers du jeune Pic amène entre ces deux enfants-poètes un com- bat de mordantes épigrammes, q u i , les passions assoupies, fait place à une solide amitiév Pic de la Mirandole était