page suivante »
59 heureux de ces entretiens familiers, de ces confidences amicales, où, pour la première fois, il pouvait ouvrir son âme, parler du calme présent, des erreurs et des faiblesses passées, car une confidence est presque toujours une con- fession. Avec lui aussi Politien aimait à se délasser de ses tra- vaux philologiques sur les Pandectes de Florence et des soins qu'il donnait à l'éducation des deux fils de Laurent de Médicis. De ces deux fils, l'un sera Léon X , élégant ami des lettres et peu propre à combattre Luther, mais qu'y eut fait un plus fort ? on n'étouffe pas les idées ; l'œu- vre était préparée dès long-tems, elle dut s'accomplir. Enseigne-lui bien l'amour des arts, Politien ! Dis lui qu'il est beau et glorieux d'élever des palais, des temples, des statues, car puisque la majesté du sanctuaire est dissipée, puisqu'on y porte de toute part des regards indiscrets, il faut l'orner et le rendre décent 5 il faut à la grande pros- tituée comme Luther désignait Rome, en ses invectives, une ceinture dorée et des voiles magnifiques. Quand Alexandre VI aura sali de ses débauches, ensanglanté de ses crimes la religion des chrétiens, il faudra faire une reli- gion d'artistes; il faudra l'entourer du prestige des arts et commander en leur n o m , car on obéit déjà plus à celui du Christ. Jules II, le pape guerrier, n'aura-t-il pas, en ayant recours au glaive, proclamé l'impuissance du verbe, de la parole sainte? n'aura-t-il p a s , le successeur d'Hil- debrand, adapté une visière à la tiare? n'aura-t-il pas été guerroyer pour des intérêts vulgaires, ne portant de croix que celle formée par la garde de son épée. Pic de la Mirandole n'écrivitpresqué qu'en latin et, dans les seize volumes in-folio qui renferment ses œuvres, on trouve à peine quelques pages italiennes. En cela il subit