Revue du Lyonnais » série 1 - n°4 ( 1836 ) » pp.316

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    Celte exécution finie, on dépouille les corps et on les jette
 dans de profondes fosses où on les couvrit de chaux. On vou-
 lut les compter, il s'en trouva deux cent dix au lieu de deux
cent neuf. Une des victimes était parvenue à s'évader, et l'on
ne savait à quoi attribuer cette augmentation de cadavres,
lorsqu'on se rappela que, tandisqu'on garrottait les détenus
dans la cour des prisons de R o a n n e , deux commissionnaires
avaient été saisis, en vain ils avaient élevé la voix, et of-
fraient de prouver qu'ils ne se trouvaient dans l'intérieur de
cette prison, qu'à cause des occupations mercenaires qu'ils
remplissaient journellement à l'égard des prisonniers. On fut
sourd à leurs réclamations, ils furent liés et poussés jus-
qu'au lieu de l'exécution à coups de bourrades. Ils y avaient
trouvé la mort.
   Le choix des victimes fait avec tant de négligence causa la
mort de plus d'un individu que l'on enleva souvent sans prendre
aucune information sur l'existence d'un jugement. Le citoyen
La Ilévolière fut arraché de son cachot, pour être conduit à la
fusillade. Il a beau dire qu'on se m é p r e n d , qu'il n'a pas été in-
terrogé, qu'il n'a pas même encore paru devant aucun juge;
on l'entraîne au supplice.
   Il y avait deux caves distinguées par le nom de bonne et
mauvaise cave où on déposait les détenus. Un signe démons-
tratif du président du tribunal indiquait au geôlier clans la-
quelle des deux il devait conduire un accusé. Il est cepen-
dantarrivé qu'une méprise de la part de ces guichetiers, ou
leur défaut d'intelligence précipitèrent plus d'une fois, indif-
féremment dans la mauvaise cave, ceux que le tribunal avait
désignée pour la bonne. Cependant, ceux qui avaient le bon-
heur de s'y voir conduits n'éLaient pas encore à couvert de la
rage de leurs juges. Toutes les d é c a d e s , un guichetier venait
tirer un ou deux d'entre eux pour les fusillades. Ainsi le tri-
bunal mêlait à l'espérance de la liberté lesfunestee appréhen-
sions du trépas.
  Un citoyen détenu dans la bonne cave entend un jour r e -