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  dans tpules les parties du corps de leurs victimes ; le sang
  jaillit à grands flots, et les cadavres, déchirés parla mitraille
  ou hachés par l'acier assassin, s'entassent pêle-mêle, et vont
  ensanglanter le Rhône.
     C'était de la prison de Roanne qu'étaient sortis ces soixante
 neuf jeunes gens. Deux cent neuf autres malheureux, extraits
 du même endroit, et jugés en masse le même jour, sont con-
 duits aux Brotteaux au milieu de nombreux bataillons de
 gardes et de gendarmes. A chaque arbre d'une allée de saules
 était fixé une longue corde à laquelle on attache chaque com-
 damné avec celle qui lui comprimait les mains derrière le dos.
 A mesure qu'on lie ces victimes aux arbres, un piquet plus
 ou moins nombreux, placé à quatre pas en avant, attend l'or-
 dre de les fusiller. Combien furent longues et douloureu-
 ses leurs angoisses , avant que le dernier de ces malheureux
 eut été fixé à l'arbre dont il ne devait plus être séparé que
 mort ou mourant.
    Le signal se donne, et le plomb atteint les victimes. Mais
 cette décharge opérée par des hommes peu experts dans le
 maniement des armes, ne fil que prolonger leur supplice. On
 voit la plupart de ces malheureux, tomber, se relever, le
 visage couvert de boue, de sang et de meurtrissures, tous font
entendre cette affreuse prière : Achevez-moi           mes amis ne
m'épargnez pas. Parleurs cris, ils cherchent, à fixer l'atten-
Uon du soldat, et soulèvent une tête languissante. Ils lui mon-
trent le sein sur lequel il doit diriger son feu.
   Le supplice de ces deux cent neuf individus se prolongea
à raison du nombre des victimes. L'ex-constituant Merle, maire
de Mâcon, avait eu le poignet emporté par une balle. Ce coup
avait brisé ses liens. Il fend aussitôt la presse qui s'ouvre pour
lui livrer passage. Les volontaires et les dragons qui proté-
geaient ces tristes expéditions, l'avaient vu fuir sans se mettre
en peine de le poursuivre. Mais quelques cavaliers révolution-
naires se détachent, l'atteignent et l'achèvent à coups de
 sabre.