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 leurs réponses laconiques annoncèrent leur mépris pour leurs
 bourreaux et la haine m ê m e de la vie.
   Marie Adrian , jeune fille de seize ans , velue en homme ,
avait servi au canon pendant le siège. Traduite devant ces
juges, ils lui dirent : Comment as-tu pu braver le feu et tirer le
canon, contre ta patrie ? — C'était au contraire pour la défen-
dre, répondit-elle.
   Une autre du même âge et aussi intéressante ne voulait
pas porter la cocarde. Interrogée sur le motif de son refus :
Ce n'est point la cocarde que je hais, dit-elle ; mais comme vous
la portez,, elle me paraît le signal du crime; elle déshonorerait
mon front. Lafage fit signe d'attacher une cocarde au b o n -
net de la jeune accusée. Vas, lui dit-il ensuite, en portant
celle-ci tu es sauvée. Aussitôt elle se lève de sang-froid, détache
cette cocarde et ne répond aux juges que par ces mots :
Je vous la rends. Elle sort aussitôt et court à la mort.
     La citoyenne Marie Lolière , femme Cochet, avait telle-
 ment pris la faclion de la Montagne en aversion , qu'elle avait
 dit hautement qu'elle couperait la tête d'un représentant du
 p e u p l e , et qu'elle la porterait au bout d'une pique. Elle fut
 guillotinée pour ses propos et pour avoir donné l'exemple
de la rébellion en portant les armes contre sa patrie , et en
se travestissant en homme pour mieux exécuter ses desseins.
    Un commandant de bataillon de la garde nationale récla-
m a i t , auprès du t r i b u n a l , la liberté de son frère. Il avait
laissé son épée au corps-de-garde placé à l'entrée du tribu-
nal. Les soldats la tirèrent par curiosité du fourreau. Mal-
heureusement celte épée qui était ancienne portait l'em-
preinte de trois fleurs de lys. Ausslôt elle est mise sous les
yeux des juges. Ge commandant étonné se trouble dans ses
moyens de défense. Tu venais, lui dit-on, réclamer ton frère,
tu partageras sa prison et son jugement.
   Un accusé du nom de Calas se présente. Etais-tu, lui deman-
dent les juges , parent de ces Calas que des parlementaires ont
fait rouer ? Sur l'affirmation ; sois libre, lui dit-on, ton parent te