Revue du Lyonnais » série 1 - n°4 ( 1836 ) » pp.310

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sauve. Un autre évita la mort par une réponse unique à tout
ce qu'on lui demande. Elle se bornait aux deux mois ; Comme
vous. Aimes-lu l'argent, lui demande-t-on ï Comme vous. As-
tu porté les armes pendant le siège ? Comme vous. Es-tu pa-
triote ? Comme vous. Il fut acquitté.
   Une jeune fille au milieu des transports du désespoir, entre
dans la salle, et s'écrie : Mes frères sont fusillés; vous venez
de faire périr mon père ; je n'ai plus de famille; que faire seule
au monde? je m'y déteste, mettez un terme à mon malheur ; de
grâce ! faites-moi périr. Elle était aux genoux des juges en
leur adressant celte trisle prière. Courchand et Fernex firent
paraître quelques mouvements de sensibilité. «Relevez-vous,
« jeune fille, dit l ' u n ; en vain , vous nous demandez la
M mort ; nous voudrions bien vous accorder votre demande,
K mais nous ne le pouvons pas. »
   Tandis que la mort était à l'ordre du jour par le minis-
tère de ce tribunal de sang, les accusés, parmi lesquels
étaient des religieuses et des p r ê t r e s , y paraissaient avec
cette intrépidité qui sait braver la mort et les bourreaux.
Si votre devoir, disait un d'eux, est de nous condamner, obéis-
sez à votre loi; j'obéis aitssi à la mienne; elle m'ordonne de mou-
rir et de pardonner à mes ennemis.
   Crois-tu à l'enfer, demandaient les juges au curé d'Ample-
puy ? Comment en douter, dit-il, en vous voyant. Un autre prêtre
croit échapper au trépas par l'athéisme.
  Crois-lu en Dieu? lui demanda-t-on. Très-peu, répond-il.
Meurs infâme, dit aussitôt le président, et vas le reconnaître.
   Que penses-tu de Jésus ? demanda-t-on à un autre. Il répond
qu'il croit que sa morale a rois les hommes dans l'erreur.
Cours au supplice, scélérat, lui cria-t-on^ Jésus, tromper les
hommes! lui qui prêcha l'égalité, et qui fut le premier et le
meilleur sans-culotte de la Judée.
   La piété filiale et l'amitié fraternelle s'immortalisèrent dans
ces tristes circonstances par leur dévouement héroïque. Le
citoyen B u d g e r , d o n t l c frère malade des blessures qu'il avait