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vaienl être faits. Cette invitation de Danton était inutile,
puisque le comité de salut public avait arrêté celte mesure
relative à son plan de dépopulation. La disette se faisait sen-
tir à Lyon , où l'on distribuait par jour à chaque individu un
gobelet d'avoine, et ceux qui n'avaient pas voulu prendre les
armes étaient privés de tout secours. Plusieurs femmes et
enfants étaient déjà morts de besoin. Le peu d'énergie d'une
partie de ceux qui avaient pris les armes , la quantité de
partisans de la Montagne , qui étaient comme autant d'es-
pions , les trahisons continuelles qu'ils occasionnaient, et
contre lesquelles on avait été obligé de sévir, soit en in-
carcérant ceux qui étaient soupçonnés, soit en faisant fusiller
ceux qui étaient convaincus , rendirent les efforts des assié-
gés inutiles, et après avoir soutenu un blocus de soixante-
trois jours , un des plus meurtriers et des plus désastreux
que l'histoire nous fournisse , Lyon ouvrit ses portes à l'ar-
mée de la Montagne, le 9 octobre 1793.
   Les assiégés, qui s'attendaient à trouver leurs assassins
dans les vainqueurs, furent singulièrement étonnés et atten-
dris , en voyant l'armée entrer avec des vivres de toute es-
pèce ., et chaque soldat distribuer une portion de sa subsis-
tance aux citoyens. Un pareil début séduisit la multitude, qui
finit par regarder ces soldats comme ses libérateurs ; mais
elle ne pouvait s'imaginer que les représentants qui étaient à
leur suite vinssent y porter la désolation et le carnage.
   Le général Précy, qui n'ignorait pas le peu de confiance
que méritaient les députés de la Montagne, avait déjà pris le
parti de la retraite, à la tête de deux mille cinq cents hommes,
qui étaient l'élite des assiégés. Cette retraite , qui lui avait
paru indispensable dès l'instant où les pourparlers annon-
çaient la prochaine reddition de la place, faisait déjà déserter
les postes avancés par les factionnaires , fatigués d'un siège
aussi long et à qui les préliminaires de paix firent briller une
lueur de repos dont ils s'empressèrent de jouir par avance.
  Ces malheureux ne voyant donc d'autre salut que dans la