Revue du Lyonnais » série 1 - n°4 ( 1836 ) » pp.264

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 et conserver une assiette plus favorable sur ïa place des
 Carmes.
    Cependant les deux représentants du p e u p l e , Nioche et
 Gauthier, Chalier et d'autres brigands, ceints de l'écharpe
 tricolore, s'enivrent de leurs premiers succès. Ils livrent à
la férocité des Jacobins les morts et les blessés, dont les rues
adjacentes sont jonchées. Parmi les m o r t s , se trouvait un
maréchal-de-camp, M. de Sablonai. Ce brave officier s'était
présenté impétueusement pour avertir l'une des colonnes de
la mauvaise direction de son attaque. Il commençait h la
ranger dans un meilleur o r d r e , lorsqu'il fut blessé à mort.
    Vers six heures du soir, Madinier ramène les Lyonnais à
la charge. Quoique tout bouillants de fureur, ils observent
tin ordre parfait. Cette m i l i c e , que l'indignation vient de
former, semble n'offrir que de vieux soldats. Leurs cano-
niers les servent avec zèle et intelligence. Ils investissent
l'IIôtel-de-Ville de plus p r è s , viennent s'exposer à un feu
plus meurtrier. Les fatigues, les vicissitudes el les horreurs
de ce combat nocturne se prolongent jusqu'à cinq heures du
matin. Toute l'artillerie des Jacobins est tombée au pouvoir
des Lyonnais. L'Hôtel-de-Ville est leur conquête ; ils sont
maîtres des jours de leurs oppresseurs. Pas un m e u r t r e , pas
mi excès, pas une insulte, ne souille une victoire achetée
par la mort ou les blessures de six cents braves citoyens, et
précédée par dix heures d'un combat engagé le soir et con-
tinué dans les ténèbres (1). Oh! quelle dut être l'allégresse
de Madinier et de ses valeureux compagnons , lorsqu'ils en-
trèrent dans les prisons et les cachots de l'Hôtel-de-Vil l e ,
pour y délivrer cent de leurs concitoyens q u i , ce jour-là
m ê m e , s'attendaient aux plus barbares supplices! Que l'œuvre
du 30 mai fut belle pour Lyon ! quel bonheur de se regarder

   (1) Le combat ne fut engagé que vers les cinq heures du soir, et il
avait cessé vers les sept heures et demie : il n'y eut pas un seul coup de
fusil tiré pendant la nuit. Voir encore, à cet égard, la 17e livraison de la
lieïiw du Lyonnais.