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comme délivrés , non par la fortune, mais par l'héroïsme,
de la tyrannie la plus avilissante et la plus meurtrière ! Il
est vrai que bien des familles pleuraient ce triomphe ; mais
la bienfaisance publique consolait les veuves, dotait les or-
phelins. Les blessés s'enorgueillissaient de leurs souffrances :
on eût dit que la victoire les guérissait. Trop heureuse cette
cité > si elle eût pu communiquer quelque étincelle de son
courage à celte ville de Paris, depuis long-temps esclave,
où se décidaient les destinées de la France ! Mais, le 2 juin ,
Paris connut le beau combat des Lyonnais, et Paris tout
armé livra à deux mille brigands les seuls orateurs qui pus-
sent encore briser le joug commun. La nouvelle de cette
infâme journée vint corrompre la joie des Lyonnais. Tous
c o m p r i r e n t , en apprenant le triomphe de Robespierre et de
M a r a l , féroces patrons de Chalier, qu'un combat qu'ils
avaient cru décisif n'était que le prélude des combats qu'ils
auraient à soutenir, et tous se résolurent à un avenir de
souffrance et de gloire.
    Cependant ils n'étaient coupables d'aucun crime envers
la Convention, si quelque ombre de justice, d'humanité et
 de prudence restait encore à cette assemblée. Ils n'avaient
voulu se défendre que d'un massacre prémédité. Pas un cri
tle vive le roi! n'avait échappé au cœur des royalistes, tant
ils craignaient de troubler la concorde. Au bout de quelques
h e u r e s , ils avaient rendu la liberté aux deux représentants
du p e u p l e , Gauthier et Wiochc , qui avaient uni leur cause à
celle de Chalier. Ceux-ci, dans une lettre à la Convention,
venaient de rendre justice à la modération des vainqueurs.
L'humanité des Lyonnais s'était étendue jusqu'aux blessés
d'un parti dominateur ; en leur prodiguant des s o i n s , ils
avaient porté du secours à leurs familles. Ils accueillaient
avec assez de fierté, mais sans insulte, de nouveaux commis-
saires de la Convention , tels que Robert Lindet, qui ne pou-
vait s'empêcher d'honorer des rebelles de ce genre, au moins
 tant qu'il restait en leur pouvoir. Mcnapcs d'un prochain