page suivante »
260 servaient une même fidélité dans le sentiment religieux, et cet amour de l'ordre qui fait à la fois la richesse et la vertu des villes industrieuses. Dès que Lyon eut une garde natio- nale, le premier soin des jeunes gens armés fui de marcher contre les brigands et les paysans barbares qui brûlaient les châteaux dans IcDauphiué; ils les dispersèrent et ne cédè- rent à aucune ardeur de vengeance. Roland , qu'un emploi retenait alors à Lyon , ne pouvait, malgré l'éloquence de sa femme , y faire que peu de prosé- lytes à ses principes républicains. Quand il parvint au pou- voir, il les fit placer dans les fonctions municipales. Mais la société des Jacobins s'occupait incessamment de pervertir la seconde ville du royaume, et de contenir par elle le Midi qui lendait à lui échapper. Lyon> vers 1791, semblait étrangère à la révolution ; c'é- tait un torrent qu'elle ne cherchait pas à détourner, mais qui l'entraînait peu. Celle ville avait un peuple d'ouvriers que la révolution laissait inaclifs ou peu occupés ; c'était un puissant levier entre les mains de ces démagogues. Parmi ceux-ci figurait un scélérat, nommé Chalicr, à qui l'empire de Lyon était promis parles Jacobins, et qui prenait le litre de Maratdu Midi. Il était né dans le Piémont (1). Il parut dans sa jeunesse, à Lyon , sous l'habit ecclésiastique. Ses principes d'impiété et d'athéisme perçaient dans des thèses de philo- sophie qu'il soutenait sans talent. On allait le chasser, lors- que la révolution vint lui ôler toute espèce de pudeur et de frein. Il voyageait sans cesse de Lyon à Paris ; son retour était un signal de terreur. Il semblait impossible de faire répéter , dans une ville telle que Lyon , les massacres du 2 septembre. Mais les ému- les des assassins de Paris profitèrent, le 9 de ce mois, d'un momeut où la garde nationale était sortie des murs pour (1) Le fameux Chalicr était né dans un. petit bourg du haut Dauphiné, d'une famille originaire du Piémont.(Yoir sa notice, Rev. duLyonn.,t. 2 , p . 96. (Cette note et celles qui suivent sont d'un Lyonnais , témoin du siège").