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259 domptée par le génie des rois capétiens, Lyon , q u i , a la suite de maint désastre, était descendue des hauteurs pour se placer sur les rives d'Un fleuve impétueux et d'une rivière agréable et fertile dans son cours, se voua au commerce et à l'industrie. On eût dit, au sein de la France une de ces villes anséatiques qui, douées également de l'esprit politique et de l'esprit commercial, savaient échapper à toutes les tyrannies, en se conciliant le respect et l'amitié de leurs puissants voi- sins. L'Italie lui donna des leçons, et les Médicis fondèrent dans ses murs des comptoirs et des ateliers. Les guerres ci- viles vinrent troubler et cette prospérité et cette sagesse. Cette ville, où l'exaltation religieuse s'était maintenue, même à côté des occupations les plus paisibles , fut livrée à d'épou- vantables fureurs. La Saint-Barthélémy y fut répétée avec des horreurs qui ont fait tomber ma plume dans un ouvrage où j'avais à les décrire. Quand la plus belle des administrations commença, celle de Henri IV et de Sully, Lyon , protégée dans son industrie avec plus d'affection encore par le roi que par le ministre, tint un rang distingué entre les villes les plus florissantes par leur commerce; mais il lui fallait la magnificence des temps de Louis XIV, l'activité de ce monarque , les soins actifs, nobles et vigilants de Colbert, pour qu'elle pût déployer toutes les pompes et les merveilles de ses soieries. La prospérité de Lyon se maintint sous Louis XV; et, quoique sous Louis XVI, îa mobilité des modes et cette anglomanie qui, dans son fou- gueux vertige, ne respectait pas l'industrie nationale, eus- sent un peu contrarié le commerce de Lyon, elle augmentait toujours ses exportations à l'étranger. D'immenses capitaux circulaient dans cette ville, peuplée de cent-dix ou de cent- vingt mille âmes. Elle reçut la révolution avec trop peu d'a- larmes, mais sans enthousiasme. Les commerçants n'avaient peut-être pas vu sans quelque joie le dépit de la noblesse qui se piqua d'être immobile dans son royalisme. Mais ces deux classes, quoique divisées par des prétentions de vanité, con-