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  domptée par le génie des rois capétiens, Lyon , q u i , a la
  suite de maint désastre, était descendue des hauteurs pour se
  placer sur les rives d'Un fleuve impétueux et d'une rivière
  agréable et fertile dans son cours, se voua au commerce et
  à l'industrie. On eût dit, au sein de la France une de ces villes
  anséatiques qui, douées également de l'esprit politique et de
  l'esprit commercial, savaient échapper à toutes les tyrannies,
  en se conciliant le respect et l'amitié de leurs puissants voi-
  sins. L'Italie lui donna des leçons, et les Médicis fondèrent
 dans ses murs des comptoirs et des ateliers. Les guerres ci-
 viles vinrent troubler et cette prospérité et cette sagesse.
 Cette ville, où l'exaltation religieuse s'était maintenue, même
 à côté des occupations les plus paisibles , fut livrée à d'épou-
 vantables fureurs. La Saint-Barthélémy y fut répétée avec
 des horreurs qui ont fait tomber ma plume dans un ouvrage
 où j'avais à les décrire.
     Quand la plus belle des administrations commença, celle de
 Henri IV et de Sully, Lyon , protégée dans son industrie avec
 plus d'affection encore par le roi que par le ministre, tint un
 rang distingué entre les villes les plus florissantes par leur
 commerce; mais il lui fallait la magnificence des temps de
 Louis XIV, l'activité de ce monarque , les soins actifs, nobles
 et vigilants de Colbert, pour qu'elle pût déployer toutes les
 pompes et les merveilles de ses soieries. La prospérité de
Lyon se maintint sous Louis XV; et, quoique sous Louis XVI,
îa mobilité des modes et cette anglomanie qui, dans son fou-
gueux vertige, ne respectait pas l'industrie nationale, eus-
sent un peu contrarié le commerce de Lyon, elle augmentait
toujours ses exportations à l'étranger. D'immenses capitaux
circulaient dans cette ville, peuplée de cent-dix ou de cent-
vingt mille âmes. Elle reçut la révolution avec trop peu d'a-
larmes, mais sans enthousiasme. Les commerçants n'avaient
peut-être pas vu sans quelque joie le dépit de la noblesse qui
se piqua d'être immobile dans son royalisme. Mais ces deux
classes, quoique divisées par des prétentions de vanité, con-