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88 Cependant, les gendarmes qui croyaient toujours tenir leur h o m m e , demandaient à M. Monlain j e u n e , où était allé son frère ; il répondit qu'il était allé rendre une visite t n ville. Un orage affreux qui survint, empêcha de repartir le soir même : les gendarmes qui n'étaient chargés que du prisonnier qu'ils gardaient constamment à v u e , ne s'occupèrent plus de l'absent ; et le lendemain,ils repartirent avec M. Monlain jeune , croyant que son frère avait pris les devants pour p r é - parer un logis. Les changements de brigade ne tardèrent pas à mettre fin aux questions sur ce point. M. Monlain jeune multiplia les halles, les couchées, pour donner à son frère le temps de s'éloi- gner. Sur le point d'arriver à Paris, il lui eût été facile de s'éva- der lui-même; mais il aurait compromis les deux gendarmes préposés à sa garde, et celle pensée l'empêcha de se sauver, comme elle l'empêche encore à présent de déclarer en quel lieu s'est opéré, soit le changement de costume, soit la dispari- lion de son frère. M. Monlain jeune arriva à Paris, le 19 janvier, el fulécroué à Sainte-Pélagie, sous le nom et avec le signalement de M. Monlain aine. Il est resté sans se faire connaître jusqu'à l'ins- tant où il a acquis la cerlitude que son frère était arrivé en lieu de sûreté. Le 17 , ou le 18, M. Monlain jeune a déclaré les faits à M. le Préfet de police, et demandé à être mis en liberté. Interrogé par un commissaire de police sur les motifs qui avaient pu le porter à faire évader son frère, il a répondu : La voix de la nature ; Celle d e l à reconnaissance; La perspective affreuse de sa m o r t , s'il rentrait en prison; Me , pour aller braver les fatigues d'un long voyage , les rigueurs d'un nou- veau climat et les dangers du choléra. Honneur au Lyonnais qui sut ainsi sa- crilie)' ses intérêts el son bonheur à son pays el à l'hurtianilé! S