Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                  111
que Chalier est un lâche , que je devais me donner la mort ;
mais sache qu'il y a plus de lâcheté et de faiblesse à se donner
la mort qu'à la recevoir. Cependant il faut que je te déclare que
lorsque je fus traduit à l'Arsenal, j'avalai deux clous qui étaient
dans ma poche ainsi qu'une poignée de mes cheveux que j'avais
arrachée. Arrivé à la place des Terreaux, il regarde tour à tour
avec un visage gai et tranquille les cafés, les spectateurs et l'é-
chafaud, et y monte d'un pas ferme et assuré. Le roulement des
tambours m'empêcha de faire part au peuple de ses dernières
volontés. Les voici : Dis au peuple que je meurs pour la liberté ,
que je serais trop heureux si ma mort et mon sang pouvaient la
consolider. Je n'ai qu'une seule grâce à demander au peuple de
L y o n , c'est que je sois la seule victime et qu'il pardonne à toutes
les autres. »
                              LASAUSSE, vicaire de la Métropole.


   Monté sur l'cchafaud, il dit : Je donne mon ame à l'Eternel,
mon cœur aux patriotes, mon corps aux scélérats.
   Enfin, sous le couteau fatal et déjà frappé d'un premier coup,
il criait au bourreau : Attache-moi donc une cocarde, je meurs pour
la liberté.
   Sa tête ne tomba que sous le quatrième coup.
   Ainsi finit cet homme extraordinaire dont le nom restera long-
temps gravé dans la mémoire des Lyonnais.
   Pour achever de le faire connaître, nous allons citer quelques
fragmens de ses écrits, quelques-unes des anecdotes de sa vie
 qu'il nous a été possible de recueillir. Nous les livrons sans com-
mentaire aux réflexions du lecteur impartial.
  — Çhalièr étant accosté un jour par un ouvrier qui avait à l'en-
tretenir; comme celui-ci tenait son chapeau bas : Couvre-toi,
s'écrie-t-il ; as-tu oublié que tu parles à ton semblable ?
  — « Ma chère amie, disait-il à une personne désolée dont il fai-
 sait garotter le frère ou l'époux, mettez la main sur mon cœur,
 et vous sentirez ce qu'il souffre... mais un républicain doit
 étouffer la nature pour obéir au devoir. »
  — Un ci-devant échevin connu pour modéré et pour tiède, lui
 demandait une carte de civisme : « Monsieur, lui répondit-il,