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380 LA REVUE LYONNAISE la thèse historique que je soutiens, avec tous les siècles passés, contre le système nouveau de l'historien du Beaujolais. La face principale, ou le devant de l'autel d'Avenas, représente une des plus grandes scènes évangéliques. C'est Jésus-Christ don- nant à ses apôtres la mission d'aller évangéliser et convertir le monde. (1) Le milieu, dans toute sa hauteur, est occupé par un oval à ogive, dans lequel on voit, assis sur un trône, le sauveur du monde avec le nimbe crucigère. Il tient à la main gauche le livre divin des Évan- giles; et, de la droite, il bénit ses apôtres, tandis que sa bouche entr'ouverte semble prononcer le texte sacramentel : « Euntes docete omnes gentes. » Aux quatre angles, laissés vides par la formation de l'ovale, sont sculptés les emblèmes liturgiques des quatre évangélistes : l'homme de saint Mathieu, l'aigle de saint Jean, le lion de saint Marc et le bœuf de saint Luc. A droite et à gauche, sur deux rangs superposés, sont rangés, trois à trois, les douze apôtres assis, le livre des évangiles à la main, à l'exception du dernier à gauche du Sauveur, dans le rang inférieur. Ce personnage présente grandes ouvertes les deux mains vides. Ce doit être Judas le traître qui a perdu son rang dans l'apostolat pour aller en son lieu : « Apostolatus de quo praevaricatus est Judas ut abiret in locum suum. » En fait de noms, il n'y a plus de lisibles que ceux de Simon, de Thomas, de Philippe et de Jacques. Ce bas-relief est encadré entre deux lourdes colonnes romanes, dont les chapitaux supportent la grande pierre sacrée qui achève l'autel. (1) J'ai un moment hésité, la composition du sujet pouvant également convenir à cet autre texte évangélique : « Cum sederit filius hominis in sede majestatis suas, sedebitis et vos super sedes duodecimjudicantesduodecim tribus Israël. » (Matth., xix ; 28.) — Mais la présence de Judas, dans le bas-relief, n'a pas tardé à me fixer. Il est évident que le damné ne siégera pas, au jugement dernier, parmi les apôtres ; tandis qu'il était au mileu d'eux quand le fils de Dieu leur a dit : « Ite, ecce ego mitto VQS sicut agnos inter lupos. » (Luc, x, 3. — Matth., x 16.)