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                        HISTOIRE D'UN CRIME                        333

   Quant à M1Ie Hildegarde, trois semaines après ma belle équipée,
elle avait épousé M. de La Hautefutaye, très beau garçon, très
lancé, et bien connu dans le monde du sport.
   Mon oncle Cadet, lui, était fort peiné. Aussi disait-il de moi :
   — Lustucru est un garçon bien gentil (cela, chez nous, veut dire
travailleur); il connaît bien la partie; il est de bon command; mais
que le b . . . est maladroit! ! !
   Je connaissais mon oncle Cadet. Je savais qu'il disait cela par
amitié, et je ne lui en voulais pas.




  Quelques mois après, j'étais avec Hubert, au café de la Pevle, à
prendre notre demi-tasse. Je cherchai un journal. Ils étaient tous en
main, sauf le Moniteur judiciaire, qui traînait à ma portée. J'y jetais
un coup d'ceil peu passionné, n'entendant rien aux grimoires des
procureurs, lorsque mes yeux tombèrent sur ce titre :


TRIBUNAL CIVIL DE LA SEINE, 3 mo CHAMBRE. SÉPARATION DE CORPS.
  — M.    DE LA HAUTEFUTAYE CONTRE Mme DE LA HAUTEFUTAYE,
  NÉE DE RICHEPERTUIS.


   Suivait le compte rendu d'un procès des plus corsés. On citait des
lettres de M"e Hildegarde (pas au mari), à faire crever de dépit la
Religieuse portugaise. Pas de doute que M. de La Hautefutaye ne
l'eût été, mais là, par-dessus les oreilles; que dis-je, par-dessus le
Mont-Blanc !... S'il en était allé de la sorte pour un brillant cavalier
comme celui-là, jugez de ce qu'il en serait advenu du pauvre moi !...
J'en frémis encore.
   — Hein, dis donc, fis-je à Hubert, en lui montrant le journal, si
pourtant je n'avais pas tué le chien?...
   — On a vu des crimes récompensés, me répondit-il philosophi-
 quement.