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                    GEBHARD TRUCHSESS DE WALDBOURG                               243

 Gebhard n'échappa pas à leur décadence. Rien dans sa vie n'était
 d'un ecclésiastique. A l'église, on le voyait, lorsqu'il assistait à la
 messe, jouer avec ses chiens. Dans son palais, sa conduite n'était
 pas plus digne. Il crut pouvoir en imposer à ses sujets et rétablir sa
 réputation, en se faisant ordonner prêtre (1579). Mais le scandale
 de sa vie devint bientôt public. Le 15 septembre 1579, l'année
même où il avait reçu la prêtrise, il résidait, non loin de Cologne,
dans son château de Brûhl, lorsqu'il apprit qu'Agnès de Mansfeld
passait dans les environs avec une de ses sœurs mariée au baron
Pierre-Ernest de Kriechingen. Agnès était la fille d'un comte Jean-
Georges de Mansfeld; (1) et, bien que son père fût luthérien, elle
était chanoinesse dans le couvent noble catholique de Gerresheim,
non loin de Dûsseldorf. Elle avait vingt ans, et passait pour être la
plus belle femme de l'Allemagne. (2)
   Les couvents de cette époque n'avaient rien conservé de la rigueur
des premiers temps. La règle n'y était plus observée. Si l'on n'y
vivait pas plus mal qu'ailleurs, on n'y vivait guère mieux, et cela
seul suffisait pour qu'on dût les réformer ou les détruire. La belle
chanoinesse de Gerresheim avait les mœurs de son couvent.
   Gebhard fit prier Agnès et ses compagnons de voyage de venir loger
chez lui. Le jour étaità son déclin, ils refusèrent; mais, le lendemain,
ils allèrent rendre visite à l'électeur et dîner avec lui. Le baron de
Kriechingen et sa femme ne semblent pas avoir eu non plus des
mœurs bien sévères. Ils acceptèrent de passer la nuit suivante au châ-
teau de Brûhl, et, le soir venu, Gebhard emmena leur sœur Agnès
dans sa chambre à coucher. Barthold, le biographe de l'archevêque,
raconte que Gebhard avait été trompé par les artifices d'un magicien
italien de Parme, nommé Jérôme Scotto, qui lui aurait prédit de



   (1) Il était originaire de la Thuringe. (J.-H. Hennés, 6.)
   (2) Elle était venue à Cologne dans l'automne de l'année 1578, et on croit
qu'elle n'avait pas tardé à y faire la connaissance de l'archevêque. D'après Hennés
(6), Gebhard l'aurait rencontrée dans des banquets, qui eurent lieu à l'occasion d'un
congrès tenu à Cologne, au printemps de 1579, pour établir une entente entre
l'Espagne et les Pays-Bas.