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230                      LA REVUE LYONNAISE

convié. Il y réussit, grâce à la complicité du concierge, mais, ayant
négligé,de se déguiser suffisamment, il fut reconnu par le roi, qui
fut très irrité de cette indiscrétion. Toutefois, l'affaire n'eut pas de
suite, et il y a lieu de le regretter, car un éclat, en faisant connaître
les vrais sentiments de la reine à l'égard du cardinal, eût rendu
impossible la misérable intrigue du collier. Ce n'est pas ici le lieu de
parler d'une cause célèbre, qui ne fut d'ailleurs jugée que quatre ans
plus tard (1782-1786). Il sera pourtant bon de faire remarquer que
M. D.esjardins explique plus clairement que la plupart des historiens
la conduite de Mme Lamothe-Valois. Il y a eu, dans les événements
auxquels elle fut mêlée, deux phases successives, qu'on n'a pas tou-
jours assez distinguées.

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   Peu de temps avant le procès du collier, qui devait porter le der-
nier coup à la popularité déjà fort ébranlée de Marie-Antoinette,
celle-ci prenait possession de ce hameau, dont la construction est
un témoignage de l'engouement subit et irréfléchi de la société du
xvme siècle pour la vie champêtre. On voit, par un simple rappro-
chement des dates, que ce village, uniquement destiné à loger des
serviteurs, est loin de tenir dans l'existence de la reine autant de
place qu'on se le figure d'ordinaire. On y travaillait depuis 1783, et
il ne fut complètement terminé qu'en 1786. C'est, d'ailleurs, le
hameau qui a servi de thème à la plupart des légendes qui ont en-
core cours au sujet du Petit-Trianon.
   La Révolution fut, pour le Petit-Trianon, comme pour Versailles,
le signal d'un abandon définitif. Après la mort de Louis XVI, le parc
et le château de Trianon furent d'abord mis en vente, puis retirés
des enchères, et enfin conservés comme domaines nationaux.
   Depuis lors, leur histoire n'offre plus d'intérêt et doit être consi-
dérée comme close. L'ancienne résidence de Marie-Antoinette n'est
plus qu'une solitude à laquelle rien n'a pu rendre la vie. Mais ce qui
est resté vivant, c'est le souvenir de celle qui, mieux que l'héroïne
de Bossuet, « connut toutes les extrémités des choses humaines, »