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l82                        LA REVUE LYONNAISE

              L'angélique secours pour sa garde ordonné,
              Qui, l'ayant mis au trosne, a de lui destourné
              Tant d'assassines mains, face durer en France
              Ce serain, ce bonheur, qu'au prix de sa vaillance,
              Ez périlleux marchez de l'honneur souhaité,
              Il a, roi magnanime, à son peuple acheté !
              Que le calme printemps de la paix renaissante,
              Après le long hyver d'une guerre sanglante,
              De ses douces odeurs nous venant resjouyr,
              Face de pieté les fleurs s'espanouyr,
              Verdoyer du savoir l'immortelle délice,
              Surgeonner la Concorde et fleurir la Justice !

  Dans le second chant, consacré à la deuxième journée de la créa-
tion, Gamon combat de nouveau les opinions de du Bartas sur le
chaos, dont l'idée a évidemment pris sa source dans ces mots de la
Genèse : « O r la terre était sans forme et v i d e . . . » Gamon démontre
que c'est se faire une bien petite idée de la puissance de Dieu que
de supposer qu'il ait eu besoin de créer le chaos, c'est-à-dire les
éléments de la matière, avant de créer celle-ci avec les qualités
physiques sans lesquelles il nous est impossible de la concevoir.
  N o u s passons les dissertations du poète sur l'air et ses qualités,
pour citer seulement la réflexion philosophique qui les termine :

               Ainsi donc disposa l'Autheur de l'univers
               Du bastiment de l'air les estages divers,
               Afin que, dans l'espars de ces chambres flotantes,
               Vinssent d'un vol pantois deux vapeurs différentes,
               Qui forgeans d'ordinaire ez boutiques de l'air
               Les nuages, le vent, l'eau, la foudre, l'esclair,
               Ores nous secourants, or' nous faizant la guerre,
               Tinssent nos cœurs en haut et nostre orgueil à terre.


      G a m o n avait une idée assez juste de la formation de la pluie. Il
 dit que l'eau vaporisée par le soleil

                                             fait son séjour errant
               Dans l'estomach enflé du nuage courant.