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172 LA REVUE LYONNAISE venais de faire. Je mis dans un journal de la terre, des cendres et du charbon. Je dis au propriétaire du champ le nom de la personne chez qui j'étais à MontreveL, et qui était une des premières du pays, et je revins tout pensif et rêveur. Le lendemain, comme bien on pense, je retournai à Malafretaz. Cette fois, je connaissais le propriétaire du tumulus, et je le saluai par son nom. De son côté, M. Antoine Perret avait la plus haute estime pour la personne chez qui j'étais. Il me traita en ami, me fit revoir sa poype et les poypes voisines. Il m'assura que sa démolition avait mis à jour une certaine quantité d'ossements humains, mélan- gés à des os d'animaux. Un fémur humain paraissait avoir été scié. Sa femme l'avait porté au cimetière. Le reste avait été enfoui un peu partout. Enfin, clignant de l'œil, il me conduisit vers un buisson, et, me montrant une cachette, il en tira ce qu'il avait trouvé dans son oeuvre de destruction depuis quelques jours. Je reçus donc de lui des dents de sanglier, des ossements divers, un fer de lance, une lame de couteau, des douilles, une clé, divers débris qui ne peuvent remonter à l'ère gauloise. La clé surtout est de nos jours. Comme les débris de fer, les os peuvent n'appartenir qu'au moyen-âge, moins haut peut-être, nous n'affirmons rien. Ils ont pu tomber du sommet du tumulus, et alors ils seraient modernes et peu dignes d'attention. La cendre seule, la terre, les charbons, recueillis par moi au centre du foyer, sont garantis être d'une haute antiquité. Mais com- ment des objets en fer se trouvent-ils dans un monument remontant à l'âge de pierre? Qui les avait apportés? A quel époque peuvent-ils remonter ? Le propriétaire ne put me donner aucun renseignement. Il avait trouvé le fer et les ossements à terre, à mesure qu'il chargeait sa voiture, sans savoir s'ils appartenaient à la partie haute ou basse du tumulus, s'ils avaient trois mille ans, deux mille ou deux ou trois siècles d'existence seulement, et qui sait? Moins peut-être en- core ? Un seul fait se dégageait de ma trouvaille, une seule découverte était acquise, un seul point capital était prouvé. La poype de Mala-