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AVENAS 147 rejeter au-delà de la Saône, où l'histoire les retrouve encore de nos jours, vivant à part, s'alliant exclusivement entre eux, dans les communes deFeillens (Ain) et d'Uchisy (Saône-et-Loire), vaincus à la fin par la civilisation chrétienne et assouplis au joug béni de la loi évangélique. A l'endroit où s'élève, depuis bien des siècles, l'église paroissiale d'Avenas, il n'y avait, à l'arrivée des Sarrasins, qu'un antique monastère de religieuses, appelé, je ne sais pourquoi, le monastère de Pelage, dédié à la sainte Vierge, sur le territoire d'une paroisse appelé Rosarias ou Rosières, et non encore Avenas. Ce monastère avait naturellement subi les conséquences du voi- sinage de Tourvéon. Ses murs avaient été rasés, ses religieuses massacrées ou dispersées ; ses biens étaient devenus la proie du barbare vainqueur. Anstrude, l'abbesse, échappée, comme par mira- cle, à ce désastre, ne vit pas d'autre moyen de sauvegarder les droits et l'avenir de son abbaye, qu'en les remettant à Charlemagne, qui avait entendu les cris et les prières de ces pauvres populations et était accouru à leur secours. Le fondateur de la chrétienté, le grand monarque des Francs, pouvait-il faire autrement ? Après la glorieuse mort de Charlemagne, et quand la paix fut assurée dans la contrée, l'évêque de Mâcon, Hildebold, au diocèse duquel appartenait le petit pays qu'on appellera plus tard le Beau- jolais vint trouver l'empereur Louis-le-Pieux, fils et successeur de Charlemagne, et réclamer, comme bien d'église, le dépôt confié par l'abbesse Anstrude à son illustre père. Avant sa destruction, le mo- nastère'était déjà , comme la paroisse de Rosarias elle-même, sous le patronage du Chapitre de Saint-Vincent. Le pieux monarque reconnut la justice et la convenance de la réclamation de l'évêque de Mâcon, dont le diocèse et la ville épis- copale avaient tant eu à souffrir du passage des Sarrasins. Il rendit, dès la première année de son règne, au Chapitre de Saint-Vincent tous les biens que son père avait reçus d'Anstrude, et d'autres encore que sa munificence y ajouta dans le Lyonnais; fonda et bâtit une église sur,l'emplacement du monastère de Pelage, et voulut que cette église devînt le centre de la paroisse de Rosarias, dont le nom