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    io8                      LA REVUE LYONNAISE




       A quoi tient le bonheur? A quoi tient la vie? Qui n'eût envié le
    sort de cet homme qui était monté si haut ? Tout le monde le pro-
    clamait heureux entre tous. Son intérieur était paisible et souriant;
    deux enfants lui donnaient les plus douces espérances. Il était consi-
    déré au loin, adoré chez lui. C'est dans ce moment qu'il allait rece-
    voir le coup mortel.
        Cette même année, commencée si brillante, se finit dans le deuil,
     un de ces deuils qui ne pardonnent pas et qui, en frappant un être
    chéri, enlèvent à la fois deux existences. Saint-Jean perdit sa femme
    bien-aimée. Ce coup était au-dessus de ses forces; il ne put le
    supporter.
        Il se hâta de faire imprimer et d'offrir à quelques amis un char-
     mant petit volume de poésies de sa chère défunte, dernier souvenir
    de la compagne si intelligente et si pure qui avait embelli ses jours,
    puis, il s'affaissa peu à peu et tomba complètement.
        En vain ses deux enfants Tentourèrent-ils de caresses ; en vain ses
    amis essayèrent-ils de le consoler; en vain le travail lui offrit-il
    quelques-unes de ses plus séduisantes distractions; le cœur était
    brisé et en même temps la vie était atteinte sans espoir. Une amer-
    tume profonde s'en:para de lui; une maladie de langueur se déclara,
    la faiblesse vint; on le jugea perdu. A la fin de 1859, onle conduisit
    dans les Pyrénées ; on avait dit à ses enfants que l'air doux d'Amé-
    lie-les-Bains pourrait améliorer son sort. Il n'en fut rien. Ces pauvres
    enfants ramenèrent leur cher malade à cette campagne d'Ecully où
    on avait passé de si heureux jours. Le printemps ni l'été ne firent
    de miracle. Saint-Jean n'avait plus rien à faire dans ce monde; il
     s'éteignit, entre les bras de son fils et de sa fille, le 3 juillet 1860,
     en pleine vigueur de l'âge, en plein épanouissement de ses immenses
     facultés, avant d'avoir vu la vieillesse, avant d'avoir donné la mesure
    de ce qu'il aurait dû accomplir. Il était jeune encore, mais il n'avait
    plus celle qu'il aimait.
        « Il était indulgent, doux, d'un abord toujours facile, » dit son
    fils, Paul, dans une lettre. « Jamais personne n'a en à se plaindre de




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