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                   REVUE CRITIQUE DES LIVRES NOUVEAUX                               89
cité. Il a fallu, pour qu'elles vissent le jour, la mort de leur auteur et les soins
dévoués d'un ami de la famille, M. Charles Joliet, l'écrivain bien connu. Dans
l'intéressante préface que celui-ci a mise en tête du livre, il fait connaître la nature
délicate, fine, un peu rêveuse de Charles Lagarde. A vingt ans, l'excès de travail
auquel il s'était adonné faillit lui devenir funeste. L'entrée au régiment fut pour
lui le salut. C'est en qualité d'officier au 1" chasseurs d'Afrique qu'il parcourut
pendant huit ans toute la province d'Alger. En 1876, il revint mourir sur cette
terre d'Afrique qui lui était si chère.
    La vue de l'Orient, la pénétration intime et quotidienne dans ce milieu nouveau
fut, pour Charles Lagarde, un bonheur inexprimable. Vivre insoucieusement, à
l'air libre, sous le grand soleil, sans rien qui rappelle la civilisation dont nous
sommes si étrangement fieis et qui, à l'aspect de certaines scènes de la vie nomade,
lui paraît si mesquine, quelle joie vivement ressentie par cette âme mélancolique
et hautaine !
   Les notes de Charles Lagarde ont un caractère profondément original, qualité
qu'on rencontre assez rarement dans les livres sur l'Orient. Elles sont totalement
dépourvues d'enthousiasme à froid. Tels que les paysages se déroulent sous les
regards de l'écrivain, il les reproduit, s'efforçant de donner à son style la magie
grandiose des spectacles dont il est le témoin. Il croque avec un rare bonheur les
moindres petites scènes de genre : un chameau couché dans une rue étroite, un
vieux mendiant, un coin de porte ensoleillé, tout ce qui saisit, tout ce qui réjouit
l'âme et l'œil de l'artiste. Il n'y a pas d'exclusivisme dans sa manière. Il passe
librement d'un sujet à l'autre, de la description d'une oasis à des considérations
sur la conquête ou la colonisation. C'est un peu cette variété qui produit l'intérêt
captivant de ce livre. Les lettrés ne sauront assez remercier M. Joliet de l'avoir
publié, et souhaiteront avec lui qu'on ne laisse pas plus longtemps dans l'ombre
la Correspondance et le reste des travaux de Charles Lagarde.



LES CATHOLIQUES LIBÉRAUX. L'Église et le libéralisme, de 1830 à nos jours,
  par Anatole LEROY-BEAULIEU. — Paris. Librairie Pion. 1385. — Un vol. in-iS
  jésus. — Prix : 3 fr. 50.


   Le cadre de la Revue lyonnaise, fermé aux controverses religieuses, ne permet
pas d'aborder et de discuter le fond même du nouvel ouvrage de M. Anatole Leroy-
Beaulieu, l'écrivain consciencieux que l'on connaît. Quelques réserves qu'il puisse
y avoir lieu de faire sur quelques points des doctrines qui y sont contenues, ce
livre est un livre de bonne foi, écrit dans des vues élevées de conciliation, avec la
reconnaissance nettement formulée de la nécessité pour la société des idées reli-
gieuses. M, Leroy-Beaulieu flétrit justement cette confusion de faits et^d'idées,