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DERNIER ACTE 85
III
A MON HEURE DERNIÈRE
A mon heure dernière épargnez-moi les plaintes,
Le chœur des médecins autour de mon chevet,
Les baumes et les sucs, les espérances feintes...
Laissez faire les dieux; ce qu'ils font est bienfait.
L'oiseau cher à Cypris, leflancpercé d'un trait,
Et sentant de la Ker la trop certaine atteinte,
Cherche dans le bocage un asile secret
Pour voiler l'agonie à la Lumière sainte.
L'homme honorant les dieux et l'auguste Pudeur,
Pour maint acte moins bas et de moins de hideur,
Fuit les humains. — Mourons d'une mort dérobée.
Penses-tu que pour nous les deux vont s'embrunir ?
Songe que, comme un lac où la pierre est tombée,
La nuit va se fermer sur notre souvenir.