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               ALEXIS ROUSSET, SA VIE ET SES Å’UVRES                 49

 ce qui eût été une nécessité pour le succès de son œuvre, mais des
 yeux bien plus actifs et plus pénétrants du génie, de la pensée et de
l'imagination.
    Au lieu de nous couler une de ces belles et grandes glaces de
 Venise, qui eût reflété avec magnificence le ciel bleu et ses phalanges
 divines, la terre, avec ses flottes, ses armées, ses batailles et ses
 héros, l'enfer avec ses noires légions, il a rangé côte à côte, et fort
 adroitement, d'ailleurs, trente petits miroirs dont les faibles dimen-
 sions ne lui ont pas permis de représenter tout ce que rêvait son
génie, d'achever sa pensée et de donner à ses épisodes ou à ses
 faits héroïques le développement qu'ils devaient nécessairement
 comporter, l'ampleur, la fougue et l'émotion qui devaient saisir et
 transporter le lecteur.
    Pour toute œuvre, a dit un écrivain, il faut le génie qui conçoit,
l e goût qui choisit et le talent qui exécute. Il n'a eu que le premier
 de ces termes, et c'est déjà un immense bonheur pour lui.
    Voici Rousset poète ; voici Rousset avec son bagage à lui. En
 nous arrêtant ici, notre auteur ne serait pas complet. On lui doit
encore un travail singulier, original, bizarre, unique peut-être, et
c'est celui qui, dans les ventes futures, dans les catalogues, chez les
libraires, obtiendra certainement le plus haut prix, la vogue la plus
vraie, les recherches les plus actives et les plus animées.
    Alexis Rousset, ami du plaisir et de la distraction, membre de
plusieurs sociétés aussi littéraires qu'épicuriennes, lié avec des écri-
 vains, des peintres et des artistes dramatiques à l'amitié chaude,
 sincère, à l'esprit vif, au cœur joyeux, avait reçu et avait gardé une
 foule immense d'autographes et de dessins signés Trim'olet, Bonne-
 fond, Genod, Cailhava, Déjazet, Louis Perrin, Alexine Girard,
 Claudius Billiet, Soulary, Pierre Dupont, Léon Boitel, souvenirs ou
 épaves* de tout ce qui avait pensé, écrit, chanté, de 1830 à 1870 e t
 plus tard. Il eut l'idée d'en faire un choix et de le publier en fac-
 similé sous ce titre : Vieux châteaux et vieux autographes. Souvenirs du
 Lyon d'autrefois, publiés par Alexis Rousset. Lyon, V. Giraud, 1876,
 in-8. Le succès en fut prodigieux. On retrouvait là des invitations à
  dîner, illustrées avec une verve endiablée; des billets d'affaires ou
          N° 5;. - Juillet 1885.                           4