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               ALEXIS ROUSSET, SA VIE ET SES Å’UVRES                41

qu'elle ne se rompe, mais voilà, ô surprise ! une escadre vénitienne
qui paraît. Des héros la conduisent, et, sous les yeux du sultan,
coulent ou dispersent les navires des infidèles. Encore une fois l'em-
pire grec est sauvé. Le sultan n'assouvit sa fureur qu'en frappant de
sa canne d'or le malheureux amiral qui s'est laissé vaincre par les
chrétiens.
   Encore une fois, aux tableaux de la guerre succèdent à nos yeux
des tableaux de tendresse et de plaisir. Nous voyons, mais trop
rapidement, passer le mariage d'Orkan et d'Irène, divers épisodes,
une fête donnée à la Liberté, la famine à Byzance, l'intervention
de saint Jean Bouche d'or, et nous voilà replongés dans le sombre
empire de Satan.

            Le fier Satan, couvert de récentes blessures,
            S'agitait en tous sens, éclatait en injures,
            Et, sur le lit sanglant où reposait son corps,
            Endurait tous les maux, excepté le remords.


  Ce dernier vers n'est-il pas sublime ?

            « Patriotisme, amour, courage, honneur funeste,
           Vous l'emportez, » dit-il, « vertus que je déteste !
           Chez les humains vaincus par moi, la Liberté
           Ramène le bonheur, l'offre à la chrétienté.
           Ce superbe Occident, dont je faisais ma proie,
           Echappe à ses périls et se livre à la joie !
           Non, non, Néard, je veux que le sultan, mon fils,
           Me rende l'avenir que je m'étais promis.
           Je veux que les chrétiens, cette race exécrable,
           Reprennent, grâce à nous, un joug qui les accable,
           Et que, chargés de fers, abrutis, énervés,
           Ils perdent les vertus qui les ont relevés. »


   On voit quelle envergure ont les ailes de notre poète, quand elles
le portent vers les hauts sommets de la poésie et de l'imagination.
   Maintenant que vont faire les musulmans, battus, repoussés loin
de la ville et découragés ?