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 30                      LA REVUE LYONNAISE

    Que de bruit on eût pu faire avec ce bagage ! Que d'articles on
 eût pu porter aux journaux ! Que de réclames on eût pu lancer urbi
 et orbi, au dedans et au dehors ! Et nous n'avons parlé ni de ses
 romans, ni de ses poésies diverses, ni de ces huit ou dix volumes
 autographiés, qu'il appelait de noms bizarres, qui contenaient des
 souvenirs si pleins de verve et de gaieté de toutes les célébrités
 lyonnaises contemporaines, de toutes les illustrations parisiennes
 qui ont eu quelque rapport avec Lyon, et qu'il offrait chaque année,
 si généreusement, à ses amis.
    Des amis ! il en avait, et beaucoup. Simple, modeste, un fin sou-
rire sur les lèvres, il passait, il glissait plutôt, dans nos rues, jetant
autour de lui un regard scrutateur, observant tout, hommes et
choses, et s'arrêtant tout à coup avec un élan de cœur vers un
heureux passant à qui aussitôt il tendait ses deux mains.
    Affectueux et bon comme Billiet, Léon Boitel ou Soulary, dont
« aucun fiel n'ajamais déshonoré laplume, «sans jalousie, comme eux,
innocent de la plus légère épigramme ou du moindre mot qui pût
effleurer la peau, il était vu partout avec bonheur, accueilli avec
empressement, admis dans tous les salons, acclamé dans toutes les
réunions, qu'il animait de sa gaieté plus gracieuse que bruyante,
jetant le sel à pleines mains, ce sel gaulois, dont la société moderne
a presque perdu l'usage, que les mœurs anglaises ignorent, que les
Italiens supportent, et qui, comme dans les festins de nos pères,
allait parfois jusqu'à l'expression libre et grivoise, au mot rabelai-
sien, quand les dames n'y étaient pas.

                                  * *
   Raymond-Victor-Alexis Rousset, à qui Vapereau donne une courte
et insignifiante notice, était né à Oullins, près de Lyon, le 19 plu-
viôse an VI (7 février 1799). Son père, Hippolyte Rousset, préposé
spécial aux recettes de la Ville de Lyon, habitait la rue Saint-Domi-
nique et jouissait d'une certaine influence dans notre ville. Sa mère,
qui portait un autre nom, venait le voir de loin en loin, en équi-
page, dit-on, et le promenait parfois dans les environs. Élevé à la
campagne jusqu'à neuf ans, il commençait à réfléchir sur les bizar-