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LA VIE ET LES OPINIONS DE CHRISTOPHLE DE GAMON 413 également rendre gloire à Dieu. Gamon protestait ainsi contre les absurdes appréhensions de ceux qui voyaient dans les doctrines scientifiques de Copernic et de Galilée un outrage et un danger pour la Révélation. Ce trait seul montre combien il était en avance sur l'immense majorité de ses contemporains, car le plus sûr critérium peut-être de l'élévation de l'esprit chez les individus, comme des progrès de la civilisation chez un peuple, se trouve dans l'idée qu'ils se font de la divinité. L'histoire, mais surtout les récits des voyageurs, nous semblent de nature à ne laisser aucun doute sur ce point. La préface de la première édition de la Semaine contient aussi quelques lignes caractéristiques des tendances novatrices du poète. Après avoir dit qu'il n'a pas voulu s'amuser à relever dans du Bartas les fautes légères, comme les « rimes qui détournent du vray accent et y abondent d'un défaut naturel de bonne et françoise prononcia- tion, » il ajoute : « J'ay voulu passer plus avant, laisser cette surpeau et venir jusqu'à la moûelle. C'est à la vraye doctrine des choses créées, dont il ne faut penser l'enseignement estre inutile. Car l'erreur en la connoissance de créatures engendre une erreur en la connaissance du Créateur. Icy, comme il est loizible à chascun, je propoze mes opinions. Voire sans intention quelconque de me façonner quelque guirlande des rongneures du chapeau trionfal de celuy que j'honore autant que tous ceux qui s'en sauroyent stoma- quer, et que mon devoir et ses lauriers m'y obligent La nou- veauté fait souvent voir des choses avec desdain, que le temps fait recevoir avec applaudissement. Et le rozier qui, commençant à pous- ser, nous recule par l'aspreté de ses branches, nous atire bien puis après par la douceur de ses fleurs » Gamon termine son plaidoyer par une phrase que devraient méditer tops ceux qui s'adonnent aux travaux de l'esprit, et spé- cialement ceux que leurs goûts ou les vicissitudes de la fortune ont jetés dans la carrière des lettres. « Pour ceux, » dit-il, « qui jauniront d'envie en la candeur de mon entreprize, et, solicitez de leur passion, se montreront suspects, je ne veux qu'en appeler au Temps et à la Raison, juges compétents