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         FRHRÇOIS                          GOPPéfi
                       ET SES Å’UVRES (0


                                      IV

   Quand on étudie l'histoire du théâtre grec, on voit que du chœur
qui célébrait les louanges des dieux ou des héros se détache d'abord
le dialogue avec un petit nombre d'interlocuteurs, et qu'on arrive
plus tard à la savante tragédie des grands maîtres de l'art grec. C'est
une marche analogue que semble avoir suivie la pensée de notre
poète. Du récit ou de l'élégie il passa à des scènes dialoguées plutôt
qu'à des pièces véritables. C'est même l'un de ces essais, le Passant,
qui fit sa réputation. Ce qu'il y avait de vie, de sentiments bien com-
pris et fortement rendus dans ces dialogues indiquait suffisamment
 que le poète avait tous les dons requis pour concevoir et nouer une
 grande action dramatique. La voie était ouverte; il l'a suivie; aux
 esquisses ont succédé les tableaux.
   On a'peut-être trop souvent rappelé le Passant, comme si Coppée
ne s'était pas conquis de plus sérieux titres de gloire depuis le jour
où cette charmante fantaisie lui valut la célébrité. C'est l'étude d'un
mouvement du cœur, ce n'est pas une action. Le drame est tout
entier dans l'âme de la courtisane Silvia. Elle rencontre, sur la
terrasse de sa villa, un jeune musicien errant, un enfant à l'âme
candide et naïve. La femme qui se fait un jeu de ruiner ou de flétrir
ceux qu'attire sa funeste beauté éprouve tout à coup pour ce frêle


   (i) Voir la Revue lyonnaise, t. IX, p. 161.
           No 52. -   Avril i38>.                         l6