Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
212                           LA REVUE LYONNAISE

une colline en pâturage dont la croupe ferme l'horizon. Un chemin
monte, à droite, sur la lisière d'un bouquet de grands arbres. De gros
nuages chargés de pluie courent dans le ciel. On peut reprocher
à cette toile d'être un peu vide, mais ce n'est là, je le répète,
qu'une étude, et M. Balouzet nous prouve dans une autre toile, de-
petites dimensions, le Soir d'automne à Riorges (44), qu'il sait aussi
composer un tableau. On lui reprochera peut-être sa grandeur, mais
ce défaut-là me parait plus à encourager qu'à blâmer, à une époque où
l'esprit commercial envahit de plus en plus l'art, et tend à rapetisser
les talents avec les œuvres. En tout cas, étude ou tableau, je trouve,
dans les deux envois de M. Balouzet, ce que je cherche en vain dans
plus d'une toile, signée même de noms illustres, une impression
sincère et profonde.
   Cette impression, qui est pour moi le charme et en même temps
la raison d'être de la peinture de paysage, ne m'est fournie ni par
l'éternelle composition classique de M. Paul FLANDRIN (243), ni par
les Bords de l'Auinance (60), une toile décousue, froide, sans intérêt,
au bas de laquelle j'ai lu avec peine le nom de M. BENOUVILLE,
l'auteur justement célèbre du Nicolas Poussin peignant sur les bords du
 Tibre. Elle ne m'est pas fournie non plus, je l'avoue franchement,
par le Paysage de M. FRANÇAIS, autour duquel on a mené un certain
bruit, dont le résultat a été l'acquisition de cette toile par la Ville. (1)
Ces grands arbres, d'une flore indécise, étendant sur une pelouse
d'un vert dur leurs branches aux allures théâtrales; au fond, ce lac
endormi, que des coups de lumière viennent frapper brutalement,
étonnent, mais sans séduire. C'est moins là, d'ailleurs, un tableau
qu'une simple pochade; et je regrette, à ce point de vue, de voir
entrer cette toile dans notre Musée, où elle ne donnera qu'une idée
bien incomplète, et qui pis est, presque fausse, du talent de M. Fran-
çais. Je me plais à saluer en cet artiste un des meilleurs paysagistes


   (1) Les huit mille francs votés par le Conseil municipal ont été utilisés à acheter
le paysage de M. Français, une nature morte de M. de Cocquerel et une aquarelle
de M. Rivoire, et à donner, à titre d'encouragement, trois prix de 500 IV. chacun
à MM. Baiûiuet. Thomas et Martin.