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208 LA REVUE LYONNAISE Oui vient, dans nos festins, afficher, sa misère, Et nomme le Dieu juif au prêtre de Baal. Chassez-le du palais, et, s'il le peut, qiiil aille De l'hypocrite Adà on implorer le secours. » . // dit. Le mendiant dresse sa haute taille. Ses yeux sont pleins d'éclairs : « Vos plaisirs seront courts, » Dit-il, « guerriers sans foi, renégats, faux-prophètes, Lévites qui servez les dieux des nations, Prêtres blasphémateurs. Vous donnez, dans vos fêtes, Le spectacle honteux des prostitutions. Vous vous gorgez de vin et de chair, et vous dites, Lorsqu'un pauvre, envoyé par Dieu, s''adresse à vous : « Chassez ce vagabond. » Pervers Israélites, Avides étrangers, Dieu vous a maudits tous. Ephraïm ben Daoud, tremble, toi dont les crimes Ont fatigué le ciel ! Ton châtiment est prêt. Un ignoble gibet vengera tes victimes... Le roi féroboam a signé ton arrêt. » Les conviés déjà se sont levés de table. Tumulte... Cris de mort... Les glaives du fourreau Sont tirés... « Calmez-vous. Ce fourbe misérable, » Dit alors Ephraïm, « appartient au bourreau. Que son Dieu le protège ! » A ces mots, il s'arrête, Les yeux fixes, hagards, tremblant, désespéré. Sous le portique, et près du mendiant-prophète, Le centenier Baruch, de soldats entouré. Est debout : « Ephraïm ben Daoud, double traître, » Dit le guerrier, « doit tout à la faveur du roi,