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148                     LA REVUE LYONNAISE

mander pourquoi je le traite comme un cocher de fiacre, en le
louant à l'heure? Voilà que je fais aussi de mauvais jeux de mots. Il
est temps de me rappeler la parabole de la paille et de la poutre.
   Dames seules est suivie d'une seconde nouvelle d'un genre diffé-
rent, mais d'une lecture non moins agréable intitulée : A Deux.

   A Deux n'est pas, comme on pourrait le supposer, l'histoire d'un
tête-à-tête. C'est le journal intime d'une jeune fille. Isabelle de
Sauves, orpheline et sans fortune, se trouve, à dix-neuf ans, au
sortir du couvent, aux prises avec les difficultés de l'existence. Elle
entreprend de fouiller dans les replis de sa conscience, de son cœur
et de son esprit, de « se scalper » moralement, comme elle le dit
elle-même. Elle reconnaît en elle deux influences différentes qu'elle
personnifie sous les noms de Miss Fantasque et de Miss Raison, et
 auxquelles elle obéit tour à tour. Après des alternatives de calme et
 d'angoisse, d'opulence et de misère, elle trouve enfin le bonheur
 vrai et durable dans l'amour d'un honnête homme dont elle devient
 la femme.
   La dualité d'Isabelle de Sauves rappelle l'âme et « l'autre » dont les
altercations défrayent agréablement le Voyage autour de via chambre
et Y Expédition nocturne autour de ma chambre, de Xavier de Maistre. Il
y a dans Dames seules, vers la fin, une situation analogue à celle qui
fait le fond d'une nouvelle de Gustave Droz, intitulée : Ma tante en
Vénus. Depuis longtemps il n'y a plus de sujets neufs, il n'y a plus
que des manières neuves de traiter d'anciens sujets.
   A Deux a les mêmes qualités que Dames seules. Les deux nouvelles
ont le même intérêt, la même saveur, le même brio. La seconde est
écrite plus purement. Il y a pius de sentiment, plus de délicatesse.
Une mélancolie poétique en tempère à la fois et en rehausse la fine
gaîté. Il semble, parfois, au style, que ce soit véritablement l'œuvre
d'une femme. Les deux nouvelles sont précédées d'une préface de
M. Germain Picard, un des poètes de la Revue lyonnaise. En quatre
pages charmantes, M. Germain Picard présente au lecteur M. Roger
Dombre et son ouvrage. Précaution inutile. M. Roger Dombre et
ses nouvelles se présentent parfaitement tout seuls. Mais l'auteur et