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BIBLIOGRAPHIE LYONNAISE 61 Mais les bâtiments conventuels de l'humble prieuré étaient incommodes et insuffisants, et les moines de Citeaux ne purent faire un long séjour dans ce pre- mier monastère de Saint-Sulpice. Aussi, dès l'année 1149, quittèrent-ils Hostiaz, pour aller s'établir dans un couvent plus vaste, qu'ils avaient fait bâtir sur le ter- ritoire de Thézillieu et près de la forêt de Jailloux. Comblée de bienfaits à la fois par les comtes de Savoie, par les sires de Beau- jeu et de Coligny, par les seigneurs de la Balme et de Gramont, et par les principales familles seigneuriales de la province, l'abbaye de Saint-Sulpice parvint à un haut degré de puissance et de richesses. Entre autres libéralités, Amédée I V , comte de Savoie, lui fit ainsi donation des forêts de Gervais, de Rouge et d'Argis. Les abbés de Saint-Sulpice avaient droit de haute, moyenne et basse justice dans les limites de leurs possessions territoriales. L'abbaye de la Chassagne en Bresse et celle de Bons en Bugey étaient placées sous sa dépendance. Elle avait aussi le patronage des cures d'Armix, d'Hauteville et de Longecombe. Enfin le vignoble renommé de Machurat, dont la création est due aux moines de Saint-Sulpice, formait l'une des plus riches possessions de l'abbaye. Plusieurs abbés de Saint-Sulpice furent des hommes distingués : L'un d'eux, Pierre de Mornieu, qui vivait en 1526, était lié d'amitié avec Erasme, qui lui adressa deux de ses lettres; un autre, Louis Dinet, dont la famille a fourni un prévôt des marchands à la ville de Lyon (1), devint évêque de Mâcon, en 1621 (2). Mais au commencement du xvn e siècle, l'abbaye de Saint-Sulpice subit de douloureuses vicissitudes. En 1601, après la réunion de la Bresse et du Bugey à la France, le roi Henri IV nomma abbé commendataire de ce monastère, un capitaine huguenot, Pierre d'Escodeça, baron de Pardaillan, gouverneur de la citadelle de Bourg. Pour accroître les revenus de son bénéfice, ce singulier abbé transforma l'abbaye en un haras, et la plus grande partie de l'église en un maga- sin à fourrage, de telle sorte qu'il ne restait aux moines, pour le service religieux, qu'une partie du chœur, autour du grand autel. Ce fut un temps de relâchement et de désordre, qui dura pendant plus de huit années. La disgrâce encourue par le baron de Pardaillan mit enfin un terme à une situation scandaleuse, contre laquelle avait protesté vainement Jean-Pierre Camus, évêque de Belley. L'abbaye rentra alors sous la direction d'un abbé de l'Ordre de Citeaux, et, depuis cette époque, aucun événement n'est à signaler dans son histoire, jusqu'au jour où la Révolution vint chasser les religieux et confisquer les biens du monas- tère. Aujourd'hui, à l'exception d'une chapelle, dédiée à Saint Vital, et qui sert actuellement d'entrepôt, il ne reste plus de l'antique abbaye que des ruines informes. (I) Jean Dinet, prévôt des marchands, en iCz;. {2) Gallia Christiana, IV, p. 1102.