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578 LA REVUE LYONNAISE Le principal attrait do la séance solennelle du concours littéraire fut la l e c t o e par M. le comte de Toulouse-Lautrec, de vers en français du seizième siècle adressés par S. M. la reine de Roumanie à M. de Berluc-Pérussis, en réponse à deux admirables sonnets. Les principaux lauréats du concours furent M. Jean Monné pour son drame Sabran, M. Louis Vergne et l'abbé Joseph Roux pour sa geste de Charlemanlia. Le lendemain, lundi, à la "Villa Louise, près Montpellier, cour d'amour de la maintenance du Languedoc, tenue par sept dames et sept félibres sous la double présidence de M me Westphal-Castelnau et Frédéric Mistral. Mais la Société romane ayant publié le compte rendu de cette solennité, nous n'insisterons pas davantage. P . MAMÉTON. LA FÊTE DESFÉLIBRES, A SCEAUX En dépit du couronnement du Gzar, l'événement littéraire du dimanche 27 mai 1883 a été la fête des Félibres. Vers onze heures du matin, un groupe de Félibres, de Cigaliers, de Sartaniés et de Picpouliers stationne au Luxembourg, autour de la statue de Clémence Isaure. Un frais bouquet de roses et d'œillets blancs est déposé par le président, près du cou mélancoliquement incliné de la belle patronne du Gai savoir. Ce pieux hommage accompli, en route pour la ville de Sceaux ! A midi trente minutes, le train s'arrête en gare de Sceaux ; la municipalité, conduite par l'adjoint, M. Reddon, accueille les voyageurs; la fanfare joue ; le canon tonne ; la ville est pavoisée. C'est la fête qui commence. Tout le cortège, le président M. Jasmin fils et l'adjoint en tête, se rend à l'hôtel de ville, où le maire, M. Lesobre, lui souhaite la bienvenue. Alors M. Jasmin, d'une voix chaude et vibrante, répond par un discours tout imprégné du plus pur felibrige et dont nous sommes heureux de pouvoir citer la fin éloquente, pleine d'à -propos et d'inspiration : « Si nous exaltons le pays natal, c'est pour mieux glorifier notre grande et belle patrie, fidèles à la devise de l'un de nos maîtres, Félix Gras : J'aime mon village plus que ton village; J'aime ma Provence plus que ta province ; J'aime la France plus que tout. « Oui, Messieurs, nous aimons la France plus que tout ; après l'avoir servie nous-mêmes, nous lui donnons nos enfants pour qu'ils la servent à leur tour ; nous voulons aussi qu'ils parlent et qu'ils aiment la belle et noble langue de R a - belais, de Corneille et de Racine ; mais que leur cœur reste fidèle à la langue de leur berceau, «.petite patrie »... dans la grande! « Félibres, nous sommes du pays du soleil et de la cigale, et, comme la ci- gale, nous chantons. » Des bravos retentissants accueillent ce discours qui résume les sentiments et les pensées de l'auditoire. Vers une heure, après une brillante ouverture par la belle fanfare de Sceaux, commence la lecture des rapports sur les Jeux Floraux de 1883.