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              DE LA RESPONSABILITÉ L I T T É R A I R E                 551
  pendant des jours de congé trop fréquemment multipliés, ou même
  seulement lorsqu'il se rend à ses occupations scolaires de chaque
  jour.
     Cet enfant, cet adolescent, libres d'errer seuls dans les rues de
  la ville s'en iront, à leur gré, rôder autour de l'étalage de librairie
  ou du kiosque ouverts à tout venant; ils pourront s'approvisionner
  au profit d'une instruction malsaine pour eux et pour leurs condis-
 ciples dans ces lupanars de l'intelligence.
     Le jeune ouvrier, la jeune ouvrière rencontreront sur leur che-
  min, le mal à leur portée, et à l'atelier comme à l'école la propa-
  gande accomplira son œuvre.
     L'écolier du Lycée pourra certainement se former à la littérature
 qui dans les mots ne brave pas l'honnêteté. Il apprendra le secret
 des compositions scolaires qui pourraient plaire aux partisans de la
 nouvelle école littéraire. Mais la moralité de toutes ces jeunes in-
 telligences à la recherche de la vérité, de ce cœur avide d'émotions
 et de vie affective, quel profit retirera-t-elle d'une éducation tra-
 versée par de telles épreuves ?
     Ce qui est plus grave dans la propagande immorale de ces écrits,
 c'est qu'elle s'est souvent manifestée sur la voie publique par
 l'acharnement de colporteurs des plus honteuses productions pour
les imposer par une sorte de violence même à la porte des lycées.
    En présence de cet excès du mal, on se prend à constater que
dans tous les pays civilisés le fou dangereux est mis en dehors de
toute communication, comme la vente des poissons est soumise à
des lois préventives. Faut-il donc que pour l'abus de prétendus
droits nécessaires, la liberté delà presse soit une de ces puissances
qui dominent, parce qu'elles effraient les uns, favorisent les pas-
sions des autres, parce que tous subissent son influence et son
pouvoir.
    II a fallu que l'excès de cette liberté littéraire sans limite fût tel,
et que sa publicité devînt un désordre moral si flagrant, que le
pouvoir public, cédant à l'indignation des honnêtes gens de tous les
partis, ait tenté de donner plus d'extension à l'application de la loi
pénale en matière d'outrage public aux bonnes mœurs.
    Puissent ces projets de répression ne pas rester oubliés comme
la lettre morte des lois et ne pas être paralysés par l'influence de
   JUIN 1SS3. — T. V,                                            36