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530                . L'A. REVUE LYONNAISE
de l'art. Cependant, quelle que soit l'opinion qu'on professe sur
la statuaire, et quelle que soit l'esthétique qu'on adopte, on est
obligé de reconnaître que ce bas-relief est vraiment un chef-d'œuvre.
Au point de vue technique, il est curieux de voir avec quelle
adresse M. Dalou s'inspire du Puget, avec quelle habileté con-
sommée il obtient la perspective qui lui est nécessaire par une
gradation savante des reliefs, gradation qui va des figures du fond,
lesquelles émergent à peine de la surface du plâtre jusqu'au
Mirabeau et au marquis de Brezé, qui sont modelés presque entiè-
rement en ronde bosse. Voilà, pour le dire en passant, une œuvre
 qui sans doute aurait quelque peu contrarié Charles Blanc, lui qui
soutenait que les effets même tempérés delà perspective ne con-
viennent pas le moins du monde au bas-relief. A d'autres points
de vue, l'Å“uvre n'est pas moins remarquable. Il est certain que
la scène est traitée avec un souci de la vérité historique qui. ne
laisse rien à reprendre. Assurément c'est ainsi qu'elle a dû se
passer. Ilyaquelque chose de profondément émouvant dans l'attitude
passionnée du tribun, dans la physionomie résolue, mais calme, des
 membres du tiers-état groupés derrière leur chef, dans la froi-
 deur méprisante et distinguée de l'envoyé du roi, et jusque dans
 la silhouette de ce domestique insolent qui commence à mettre en
 ordre les banquettes de la salle des séances, pour faire comprendre
 à ceux qui en doutent encore que les représentants du peuple ont
 déplu et que la cour leur signifie leur congé.
   Mais il faut nous arracher à ce spectacle ; notre admiration doit
se hâter. 11 y a encore au Salon quelques œuvres intéressantes.
 Il leur faut ménager une part de notre temps.
   Voici d'abord le groupe que M. Tony Noël expose sans autre
titre que cette épigraphe empruntée à Virgile: « Uno avulso non
déficit aller. » Ce sont deux soldats, deux combattants d'une
bataille quelconque, dont l'un, blessé mortellement, est étendu sans
mouvement sur la terre, tandis que l'autre, ramassé sur lui-même,
le torse penché en avant, prend immédiatement la place demeurée
libre et cherche à protéger de son corps et de son glaive le cadavre
de son malheureux compagnon d'armes. Il y a beaucoup de puis-
sance dans ces deux figures. Mais, en y regardant de près, on ne
peut s'empêcher de trouver quelque insuffisance à la composition.