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5â0 ' LÀ. REVUE LYONNAISE " absolu que lui, employa le même moyen pour se défendre; une guerre de pamphlets précéda ainsi la lutte à main armée. Ce fut à cette dernière que Louis XIV finit par remettre le jugement de sa cause. Comme il n'y avait pas de tribunal européen, la force prit la place du droit. * En 1668, il envahit en personne la Franche-Comté. Le grand Condé,lefils de celuiqui avait échoué devant Dôle en 1636, envoyé en avant, s'empare sans coup férir de Besançon (7 février 1668). On avait reconnu que la résistance était impossible, et l'abandon dans lequel l'Espagne laissait la malheureuse province préparait les habitants à un changement de maître. Deux jours après, Condefit son entrée achevai, au bruit du canon. En passant devant l'hôtel de ville, il salua la statue de Charles-Quint qui en décorait la façade. Sur la place Saint-Pierre les magistrats s'apprêtaient à le haranguer, en lui offrant le vin d'honneur. Il les arrêta dans leurs discours, et les engagea à le suivre à la cathédrale pour y remercier Dieu. L'archevêque vint en habits pontificaux lui pré- senter l'eau bénite et le complimenter à la porte. Un prie-dieu atten- dait le prince au milieu du choeur. Attentif à toutes choses, pendant qu'il se tenait agenouillé, il se pencha à l'oreille d'un personnage de sa suite, et lui recommanda d'observer si l'arche- vêque, en officiant, dirait bien l'oraison et songerait à traiter le roi de France de Ludovicum regeni nostrum. Le prélat n'eut garde d'y manquer. Après le Te Deum, le prince monta a l'église de Saint-Etienne, pour y vénérer la relique du Saint-Suaire. Il s'arrêta ensuite quelques instants au palais Granvelle, où il reçut les notables; puis il retourna à son quartier général. Pendant que Gondé entrait à Besançon, Louis XIV", accompagné de Vauban, assiégeait Dôle. Le parlement, qui avait si vaillam- ment défendu la ville, en 1636, fut, en 1668, d'avis de capituler. Une longue guerre, guerre malheureuse, avait abattu les courages; on désirait ardemment la paix, et il semblait que la réunion à la France pût seule la donner. L'éloquence du comte de Gramont, envoyé dans la place pour négocier, fitle reste. Le 14 févrierl668, Dôle capitula, et le roi y fit son entrée. Le 19 février, Gray ouvrit à son tour ses portes. Louis XIV triomphait. En quelques jours, en plein hiver, il avait conquis'la