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408 LA REVUE LYONNAISE C'est sur les points de détail que notre siècle prend sa revanche. En l'absence de l'homme de génie qui aurait confondu en quelque sorte la gloire de la patrie avec sa propre renommée d'écrivain et de penseur, nous avons eu toute une pléiade d'hommes de talent qui ont exploré avec une ardeur infatigable telle ou telle période de notre histoire. Les excellents travaux partiels abondent, si l'ensemble conserve jusqu'à nouvel ordre son antique apparence de grand monument inachevé. Ce qu'il est dès maintenant possible d'atteindre, ce qui ne dépend que d'une ardeur sagement dirigée et du légitime souci de la science qui fera porter l'effort des érudits sur les points les moins explorés, c'est d'avoir, en une suite d'excellentes monographies, le récit particulier de toutes les périodes de notre histoire. Et plus tard, en présence de tant de documents si savamment réunis, Yecsoriare aliquis, que tant de vœux ont déjà appliqué en vain au futur grand écrivain de notre histoire générale, se verrait plus facilement et plus sûrement exaucé. M. de Beaucourt est l'un des hommes qui marqueront ainsi leur trace en un point de notre histoire. Le règne de Charles VII est encore assez féodal pour qu'on puisse dire qu'il s'en est fait comme un fief scientifique, et tout permet d'affirmer que jamais on n'aura mieux prouvé par un grand exemple que la possession d'un fief se justifiait jadis par le nombre des services rendus. C'est en défendant le caractère chrétien de l'inspiration de Jeanne d'Arc que M. de Beaucourt a pris possession de ce domaine. On comprend qu'il ait été en quelque sorte séduit par tout ce qu'il y rencontrait de problèmes dignes de préoccuper l'historien. Si les âges de transition ont toujours leurs tristesses, s'ils n'ont jamais ce carac - tère d'épanouissement, cette allure de force et de vie qu'ont les siècles qui personnifient l'apogée d'une forme de la civilisation, que de questions curieuses ils soulèvent ! Qu'il est intéressant et qu'il est délicat de discerner, au milieu de l'agitation confuse de ces périodes troublées, les institutions dont le destin s'achève, et celles dont le développement, souvent inattendu, donnera à la société une sève nouvelle ! Le règne de Charles VII voit finir ce qu'on peut appeler, au sens que la critique historique a donné de nos jours à ce mot, l'âge héroïque de la France. L'antique chevalerie a fait son temps. Les