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370                       LA REVUE LYONNAISE
Savasse et tant d'autres collectionneurs du dix-septième et du dix-
huitième siècle posséderions-nous le riche medaillier de la ville, et
aujourd'hui, sans les nombreux amateurs dont nous avons pu admi-
rer les belles collections à l'Exposition rétrospective, ouverte en 1877,
au Palais du Commerce, aurions-nous connu tant de ravissants
objets d'art, réunis par eux, et qu'ils s'empresseront, la plupart,
peut-être de céder ou de léguer à la ville ? Trêve donc de sarcasmes
contre ces hommes de goût et de patient labeur ! Ils ont tous bien
mérité de leur pays.
   Mais comment retrouver ajourd'hui tous leurs noms, en remon-
tant jusqu'à la Renaissance?Les historiens ont dédaigné de nous les
donner; nos archives ne contiennent presque pas de documents sur
eux et le célèbre receuil, dont La Croix du Maine avait colligé,
avec tant de soins, les matériaux sous ce titre : « La recherche
des bibliothèques ou cabinets les plus renommés de France
(qu'aucuns appellent Chambres de Merveilles) avec la déclara-
tion de leurs livres rares, médailles, pourtraicts, statues ou
effigies, pierreries ou autres gentillesses ou gentilles curios ités
qui se voyent es-maisons des princes et autres qui font amas

les vendent même à vil prix à des gens qui, par ignorance ou par le mécanisme de
 leur profession, anéantissent pour toujours ces utiles découvertes du hasard, ces
vénérables vestiges des vieux temps. Il est de notre devoir de mettre un terme à.ces
actes de vandalisme. Je vous recommande, Monsieur le Maire, de vous tenir informé
de toutes les découvertes qu'on aura eu le bonheur de faire en monuments antiques
sur le territoire de votre commune. Faites-moi connaître à l'instant même où elles
auront eu lieu, le nom de ceux que le sort aura ainsi favorisés, et la nature de leurs
découvertes. Tous les objets qui les composeront doivent être réunis au Musée de la
ville de Lyon. C'est là seulement que leur ensemble, leur rapprochement, leur con-
frontation, l'étude qu'on- en fera, peuvent les rendre utiles, et les faire servir à
l'instruction publique. Assurez les propriétaires qu'ils recevront exactement et sans
délai, le prix mis par eux aux objets qu'ils céderont; et éloignez-les ainsi de vendre à
la dérobée et à un prix inférieur à celui qu'ils obtiendront, des monuments dont
l'intérêt social réclame la collection. Ce moyen sera sans doute efficace auprès de
ceux qui ne se laisseront point guider par des considérations plus libérales.
   « Il serait digne de vous, Monsieur, et des riches habitants de votre commune,^ de
provoquer et de diriger des recherches et des fouilles particulières dans les lieux que
l'histoire, la tradition et les probabilités indiquent comme pouvant receler de ces
monuments d'antiquité. Des résultats heureux procureraient à ceux qui en jouiraient
Une satisfaction et une espèce de gloire qu'on doit ambitionner.
   « Je confie, Monsieur le Maire, l'exécution des dispositions de cette Lettre à votre
zèle et à votre1 amour pour les arts.
   « Agréez, Monsieur le Maire, l'assurance de ma considération.
                                                            « G. HEKBOUVILLK. »