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276                  LA REVUE LYONNAISE
Le servage pesait sur elle plus ou moins lourdement, selon que
son suzerain était bon ou méchant, juste ou injuste; mais cette
situation devait changer. Le temps avait marché ; les serfs,
lassés de leur misérable état, s'étaient demandé, peu à peu, si leur
sort ne pouvait pas être amélioré, et le mot de franchise avait
été prononcé. Ce mot avait trouvé un écho jusque dans la plus
humble chaumière ; mais le pauvre serf des villages ne pouvait
songer, comme l'avaient fait les gens des villes, à sommer ses
maîtres de lui octroyer ces libertés et ces immunités que les citadins
avaient conquises, souvent même les armes à la main, depuis
plusieurs années. Il lui fallait un aide. Il le trouva dans la
royauté et dans l'Eglise. Bien des écrivains n'ont voulu voir dans
 cet appui de ces deux grands pouvoirs qu'un acte exclusif de tout
sentiment de sympathie et de miséricordieuse compassion, et dicté
uniquement par l'intérêt le plus égoïste. Du nombre de ces écrivains
est l'auteur du trop long Essai historique mis en tête du cartulaire
 de Bourg par M. Jarrin. Esprit systématique et ne voyant les faits
 qu'à travers ses préventions, il ne regarde qu'un seul côté des
 événements, celui qui plaît à sa manie de dénigrement de tous les •
 hommes du pouvoir. Du second côté, souvent le vrai, il se garde
 d'en parler; cela dérangerait son siège. Ainsi, si les princes de
 Bagé ont affranchi leurs hommes de Bourg, « ce n'est, dit-il, que
parce qu'ils avaient reconnu qu'une ville franche rendait plus
 qu'une ville serve; c'est une affaire fiscale qu'ils ont fait là
simplement. Pas de simagrées de piété et d'humanité. » Si ces
mêmes princes se sont réservé de percevoir certains droits sur la
 vente de quelques marchandises, comme la mercerie et les souliers,
et s'ils ont édicté, dans leur charte, pour des crimes et des délits,
 des peines pécuniaires dont ils percevaient le montant, M. Jarrin
ajoute : « Ces fils de croisés vivaient, en somme, de la vente des
 souliers ; ce n'est pas bien chevaleresque. Ils vivaient aussi des
crimes et des délits de leurs sujets : c'est peu moral... » Mais un
pouvoir a—t-il jamais pu exister, sans être dans la nécessité d'im-
poser des charges fiscales à ses administrés, pour suffire aux
dépenses qu'exigent la défense du pays, sa viabilité, la construction
et l'entretien de ses monuments publics, le traitement de ses ma-
gistrats, de ses professeurs et de ses employés? Le3 gouvernements