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LE CONGO 269
poison. Atout prendre, cette religion est sansdoute bien supérieure
au fétichisme, au point de vue de la doctrine et de la morale ; mais,
une fois qu'elle est entrée dans l'esprit d'un peuple, elle le rend
fanatique et hostile à toute autre croyance. Les voyageurs qui ont
parcouru l'Afrique du Nord peuvent l'attester et l'attestent sou-
vent: le caractère commun à toutes les sectes musulmanes, c'est
la haine du nom chrétien. Or, les peuples du Congo sont encore
fétichistes, et les mahométans du Soudan n'ont pas dépassé leDar-
Banda au Sud : il y a donc lieu d'espérer pour l'expansion de la
civilisation chrétienne.
Aussi bien, nos missionnaires épient depuis longtemps l'occasion
d'aller porter la bonne nouvelle à ces pauvres peuples. Depuis un
certain nombre d'années ils sont établis sur la côte, et y ont fondé
plusieurs établissements. Le principal est Landana, où réside le
P. Ch. Duparquet, de la Congrégation du Saint-Esprit, vice-préfet
apostolique du Congo. Ils eurent bien des difficultés à vaincre
avant de pouvoir se fixer dans le pays. Sans l'attitude énergique
de M. de Rouvre, ils auraient été chassés de la concession qu'ils
avaient achetée au Matenda, un chef indigène de la contrée. Les
noirs ne se rendaient pas bien compte du but que poursuivait la
mission. Car ils ne comprennent pas que l'on recherche ici-bas
autre chose que la satisfaction des besoins matériels. Toute leur
littérature consiste à comprendre un moucanda, c'est-à -dire un
papier où les Européens consignent les traités passés avec les indi-
gènes. Encore ceux-ci laissent-ils toujours aux blancs le soin de
rédiger le moucanda, en se bornant à y apposer leur marque par-
ticulière, en guise de signature. Quand les missionnaires vinrent
pour la première fois, quelque nègres, les plus intelligents, pa-
rurent deviner qu'il s'agissait d'apprendre aux enfants et aux
adultes à lire les moucandas, mais sans comprendre l'utilité qu'on
pourrait en retirer. Ne voyant là que la satisfaction d'une manie,
ils vinrent réclamer le prix du temps passé par les enfants à l'école
de l'établissement.
Les soins médicaux prodigués par les missionnaires ne pro-
voquaient guère plus de reconnaissance. Quand un blanc soigne
un nègre et le guérit, souvent le malade sollicite un cadeau pour
s'être laissé traiter. Quand il meurt, le médecin est parfois obligé de