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260 LA R E V U E LYONNAISE
pourraient être signalés parmi les chartes dont M. le comte de
Charpin-Feugerolles a enrichi le domaine de l'érudition historique.
Il serait intéressant, par exemple, de s'arrêter à l'étude des
pièces en langue vulgaire qui se rencontrent dans cette nombreuse
suite de titres latins. Une curieuse comparaison mériterait d'être
établie à ce sujet entre le Cartulaire de Saint-Sauveur et le
Cartulaire des Francs-Fiefs. Dans le premier on trouve un
dialecte local très caractérisé ; dan s le second, au contraire, l'idiome
propre a disparu et on ne rencontre que le langage français parlé
à la cour de France. Ce n'est pas qu'au treizième siècle, le Forez
eûtperduson dialecte : des documents du quatorzième siècle prouvent
qu'à cette époque, on se servait encore, jusque dans la maison de nos
comtes, dupatois forésien. Voilà donc un curieux phénomène philo-
logique constaté au moyen âge, dans certaines provinces et à partir
d'une certaine époque qu'il serait curieux de déterminer : à côté de
l'idiome local employé même par les hautes classes, on avait une
langue officielle écrite; et cette langue était le dialecte parisien.
Ce fait est la constatation, au point de vue littéraire, de la conquête
pacifique et irrésistible des seigneureries provinciales par la mo-
narchie.
Mais il serait trop long d'aborder toutes les questions que soulève
la lecture du Cartulaire des Francs-Fiefs, l'exposé rapide qui
vient de passer sous les yeux du lecteur suffira pour faire appré-
cier l'étendue du service rendu aux hommes d'étude par la publi-
cation de ce recueil, et les obligations qu'ils doivent au savant
éditeur. M. le comte de Gharpin ne s'en est pas d'ailleurs tenu Ã
ce rôle ; outre l'introduction et la préface, il a dressé une table
complète des noms de lieux et de personnes, pour faciliter les
recherches et qu'il a de plus enrichie de notes nombreuses, for-
mant un véritable commentaire explicatif du texte. Ce n'est pas
tout encore, et avec une modestie que le véritable savoir connaît
seul, il a fait appel aux lumières d'un autre érudit forézien,
M. Vincent Durand
Tous ceux qui s'occupent de l'histoire de nos provinces savent
quelle est l'érudition du secrétaire général de la Diana, véritable
encyclopédie vivante de l'histoire et de l'archéologie du Forez. A
l'appel qui lui était adressé, il s'est empressé de répondre par