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       LE GARTULAIRE DES F R A N C S - F I E F S DU FOREZ            255
 Pompée, faisait sortir des légions du sein de la terre, fut la raison
'd'être et l'utilité du régime féodal, en même temps qu'il en assura
 la durée. Mais il ne tarda pas à subir des atteintes.
    Tout d'abord, les seigneurs rendirent aux églises une partie des
 biens qui leur avaient été enlevés, instituèrent de nouvelles maisons
 d'étude et de prière, créèrent des asiles pour les infirmes, les
 malades et les pauvres voyageurs et assurèrent la .perpétutté de
 ces œuvres en leur assurant des propriétés. D'un autre côté,
les malheureux colons de la société païenne, avaient été rendus
 à la dignité humaine; enchaînés seulement aux champs qu'ils
cultivaient, ils formèrent dès familles nouvelles qui ne tardèrent
pas à être admises au droit de posséder.
    Ces nouveaux éléments dans la constitution sociale de la pro-
priété causèrent des atteintes à l'organisation féodale. Les égli-
ses, les hôpitaux ne pouvaient contribuer à la défense du terri-
toire, les roturiers étaient inhabiles à desservir desfiefs ; les posses-
sions de cette catégorie se trouvèrent donc en dehors de la règle
générale; devenues politiquement inutiles, elles étaient civilement
mortes, amorties, suivant le terme consacré. C'est à ce genre de
propriétés, féodalement déclassées, que l'on donna le nom de
Francs-Fiefs, qui signifie terres franches de fief. Les seules charges
qui pouvaient leur être imposées étaient des taxes trentenaires à
titre d'indemnité pour le suzerain.
    Les cent six chartes du document, publié par M. le comte de
Charpin, présentent le tableau des amortissements de domaines
féodaux dans le Forez, pendant deux siècles, de 1090 à 1290.
Quatre concernent l'hôpital de Montbrison, neuf l'hôpital descheva-
liers de Saint-Jean-de-Jérusalem, soixante-et-onze diverses
églises, abbayes ou maisons religieuses, et vingt, des particuliers
non nobles qui furent admis à posséder des fiefs sans être astreints
à les desservir.
   •Cette dernière classe de titres, les plus"intéressants au point
de vue historique, fournit de nombreuses particularités caracté-
ristiques. On y reconnaît les progrès successifs des héritiers de
l'esclavage romatn, libérés delà servitude et s'élevant graduelle-
ment jusqu'aux premiers rangs de la Société du moyen âge. La
féodalité ne se contentait pas d'accorder des franchises à des
    MARS 1883.   —   T   V.                                     17